Réconciliation nationale en Côte d'Ivoire: une préoccupation générale, mais un processus lent

VidéoC'est sans doute l'un des processus les plus lents et les plus longs, mais aussi le plus complexe aux yeux des Ivoiriens. Il s'agit de la réconciliation nationale. Si la procédure est lancée depuis 2011, une décennie plus tard, le vivre-ensemble, prôné par tous les camps, tarde à se concrétiser.

Le 10/04/2022 à 08h57, mis à jour le 10/04/2022 à 09h00

Après plusieurs décennies de crises et surtout celle post-électorale de 2010-2011 qui a fait plus de 3.000 morts, sans oublier les évènements malheureux de la présidentielle de 2020 (85 morts), tout le monde réclame désormais, à cor et à cri, la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.

Mais c'est bien depuis 2011 que le processus a été enclenché par les actuelles autorités avec plus ou moins de succès. Pour les uns, les optimistes, il s'agissait de tourner la page, mais pour les autres, les réticents, pas de réconciliation avec une justice de vainqueurs. Ainsi, pendant une décennie le processus a-t-il été contrarié.

Cependant, aujourd'hui, avec la libération de la quasi-totalité des prisonniers de la crise de 2010-2011, le retour de presque de tous les réfugiés, les exilés, les prisonniers, dont l'ex-chef d'Etat Laurent Gbagbo, tous les camps montrent davantage d'intérêt pour la réconciliation nationale.

Avec l'organisation en février 2021 des législatives, les plus inclusives du pays, la rencontre entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, principaux protagonistes de la crise de 2010-2011, et la tenue du dialogue politique du 16 décembre 2021 au 4 mars 2022 entre 21 partis politiques et 26 organisations de la société civile, tous les signaux, ou presque, sont au vert pour matérialiser cette réconciliation nationale au niveau, notamment, des politiques.

«Les uns et les autres doivent saisir la perche car toute la Côte d’Ivoire regarde la classe politique, car on a besoin de paix, de cohésion pour que le pays aillent de l'avant», soutient Alexis Gouanou, un élu municipal.

Même si elles paient souvent le plus lourd tribut des différentes crises, les populations de leur côté, essaient de vivre plus ou moins en parfaite harmonie. Mais certains conflits communautaires, surtout liés à l'accès au foncier et souvent instrumentalisés à des fins politiques, perturbent de temps à autre la quiétude sociale. Une situation qui place la réconciliation nationale dans la posture d'un éternel recommencement.

«Le plus important, c’est de créer un environnement qui soit beaucoup plus apaisé, mais les acteurs quand ils ont des différends, ils arrivent à les gérer à travers le dialogue sans user de la violence», explique le sociologue Rodrigue Koné

Après la crise postélectorale de 2010-2011, la Côte d’Ivoire a connu une stabilité durant 9 ans, avant d'être secouée à nouveau par la crise de 2020. Mais depuis 2021, le climat social semble désormais apaisé. Néanmoins, les élections locales de 2023 et la présidentielle de 2025 viendront bientôt tester la maturité, autant politique que sociale, du pays, d'après des observateurs. Notons que la Côte d’Ivoire a été pendant longtemps, de 1960 à 1990, soit durant 30 ans, un havre de paix en Afrique, au point de faire de la paix la seconde religion du pays.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 10/04/2022 à 08h57, mis à jour le 10/04/2022 à 09h00