Côte d’Ivoire: le technocrate Tidjane Thiam rentre au pays après 22 ans d’absence et affiche son ancrage politique

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Le 11/08/2022 à 16h45, mis à jour le 11/08/2022 à 16h46

Après 22 ans d’absence, Tidjane Thiam est de retour. L’ancien patron de l’assureur britannique Prudential et de la banque helvétique Crédit Suisse, qui semble avoir des vues sur le fauteuil présidentiel ivoirien en 2025, a rencontré les trois dinosaures de la politique ivoirienne.

A 60 ans, Tidjane Thiam est un «jeune» qui pourrait apporter du changement à la tête de la Côte d’Ivoire et sortir le pays des mains des dinosaures de la politique ivoirienne que sont l’actuel président Alassane Ouattara (80 ans), l’ex-président Laurent Gbagbo (77 ans) et Henri Konan Bédié (88 ans).

Si la probabilité qu’Alassane Ouattara se présente à la présidentielle de 2025 est faible, Gbagbo, lui, a clairement signifié son ambition et demande même à ce que le chef de l’Etat ivoirien lui accorde l’amnistie et non la grâce présidentielle pour pouvoir candidater en 2025. Quant à l'ex-président Bédié, il nourrit toujours l'ambition de s'assoeir un jour dans le fauteuil qu'on lui a arraché en 1999 (coup d'Etat).

Alors que ces trois dinosaures continuent de dominer sans partage la scène politique ivoirienne, les jeunes loups prennent aussi de l’âge et sont de plus en plus poussés à prendre leur place par la population très majoritairement jeune.

Le retour au bercail de Tidjane Thiam est scruté par tous, et les partis politiques souhaitent tous l'attirer dans leurs rangs. Seulement, sur son ancrage politique, le neveu du premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, a tranché net. «Je n’ai jamais quitté le PDCI-RDA, j’ai toujours été membre du PDCI-RDA. De chaque côté de ma famille, on trouve le PDCI-RDA. On connait bien l’histoire du président Félix Houphouêt-Boigny, on connait moins celle de mon grand-père maternel qui est un des signataires de l’acte fondateur du PDCI-RDA à l’Etoile du Sud. Donc nous sommes une famille PDCI, nous restons une famille PDCI», a-t-il déclaré à la sortie de sa rencontre avec Bédié qu’il appelle «son père» et dont il a été l’un des plus influents ministres jusqu’à la chute de celui-ci.

Ainsi, sa sortie, très attendue depuis belle lurette, ne laisse aucun doute sur le parti dont il pourrait défendre les couleurs si jamais les vieux décident de laisser la place aux «jeunes», ce qui n'est pas acquis d'avance. Et pour cause, s’il est fort probable que le mandat en cours d’Alassane Ouattara soit son dernier, Bédié, président du PDCI-RDA, Gbagbo, président du PPA-CI, sont loin de vouloir tirer leur révérence.

En attendant, Tidjane Thiam a le temps de bien préparer le terrain. Et si Bédié lui facilite la tâche, il pourrait bénéficier de son aura à l’international et de l’ancrage du parti historique pour figurer parmi les favoris de la prochaine présidentielle.

En tout cas, ses premiers actes donnent clairement une idée sur ses ambitions politiques soutenues par de nombreux jeunes qui souhaitent tourner la page des dinosaures, et par la même occasion celle des tensions politiques entre ceux-ci. Après avoir rencontré le président Alassane Ouattara, il est parti à la rencontre de Bédié et enfin de Laurent Gbagbo, pour prendre «conseils».

Il faut dire que le diplômé de l’Ecole polytechnique et de l’Ecole des mines de Paris jouit d’un CV à faire pâlir plus d’un. Etant passé par McKinsey à Paris avant d’intégrer la direction d’Aviva, il quitte la France pour diriger le groupe d’assurance Prudential à Londres, devenant le premier dirigeant noir d’une entreprise du FTSE 100, les grandes entreprises cotées à la City de Londres, avant de prendre le poste de directeur général du Crédit Suisse, avec des résultats plus que satisfaisants partout où il passe.

Pressenti un moment à la tête du Fonds monétaire international (FMI) puis du ministère de l’Economie et des finances en France, du fait de sa double nationalité, désormais, c’est en Côte d’Ivoire que son avenir politique devrait se redessiner.

Et à la question de savoir s’il compte se présenter à la présidentielle de 2025, Tidjane Thiam rétorque tout simplement: «Reposez-moi la question en 2025.»

Par Moussa Diop
Le 11/08/2022 à 16h45, mis à jour le 11/08/2022 à 16h46