La CONARIV fait le point des victimes des crises qui ont secoué le pays depuis 1990

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Le 19/04/2016 à 18h09

La Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes des crises survenues en Côte d’Ivoire (CONARIV) a remis le rapport final de ses activités au président ivoirien Alassane Ouattara ce 19 avril. 316.954 dossiers de victimes avérées y sont consignés.

La Côte d’Ivoire vient de franchir une autre étape dans sa quête de réconciliation. A la suite des audiences publiques organisées depuis 2011, la CONARIV a en effet réussi à compiler une liste de dossiers portant sur les victimes des différentes crises qui ont secoué le pays depuis 1990.Il en ressort que sur 874.056 dossiers constitués suite aux témoignages recueillis depuis 2011, 316.954 ont été validés, soit 36% des requêtes. Selon l’institution, il s’agit de dossiers portant sur des «faits» qui ont pu être vérifiés et «recoupés» auprès de plusieurs sources.84,78% des dossiers retenus portent sur des destructions de biens, 6% sur des meurtres et disparitions, 8,45% sur des blessures graves et 0,77% portent sur des violences basées sur le genre.Monseigneur Siméon Ahouana, président de la CONARIV, s’exprimant à l’occasion, a fait savoir que la réparation des torts recensés n’est qu’une étape du processus de réconciliation qui vise à soulager les victimes et à leur traduire la compassion de l’Etat, mais qu’il importait de «s’attaquer aux causes profondes des crises successives qui ont fragilisé le tissus social».«Le malaise est profond, et il convient de mettre un accent particulier sur les initiatives en faveur de la réconciliation», a-t-il recommandé, évoquant des «cœurs» chargés de «rancœurs, de frustrations, d’amertumes et d’esprit de vengeance».Le président ivoirien Alassane Ouattara a salué pour sa part «un travail important de fourmi» qui a été effectué et qui est une étape importante dans la marche du pays.Par ailleurs, la CONARIV avait déjà préconisé au gouvernement la poursuite des audiences afin de prendre en compte les exilés et réfugiés hors du pays et la mise en place d’un mécanisme de réclamation pour les dossiers rejetés.La Côte d’Ivoire a connu de nombreux soubresauts depuis 1990, ayant entrainé des troubles sociaux, parfois violents. L’on peut citer, entre autres, le «boycott actif» de l’opposition lors de l’élection présidentielle de 1995, le coup d’Etat de décembre 1999, le déclenchement de la rébellion armée du 19 septembre 2002 et la crise postélectorale de 2010, cette dernière crise ayant fait officiellement 3.000 morts.Il faut noter que le rapport comprend un fichier unique consolidé des victimes associées à ces dossiers retenus. Et des mesures devraient être prises très bientôt au sujet de leur indemnisation pécuniaire.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 19/04/2016 à 18h09