Ce dimanche, Anoumabo, présente un air de deuil et semble vide après avoir accueilli des milliers de festivaliers depuis ce 19 avril à l’occasion du 9e Festival des musiques urbaines d’Anoumabo, le FEMUA. La petite bourgade de Marcory, dans la partie sud d’Abidjan, est comme tétanisée pour avoir été témoin d’un drame que l’on a encore bien du mal à s’expliquer.Par petits attroupements, les habitants continuent de deviser : qui pour évoquer le souvenir de l’artiste, qui pour témoigner d’une belle soirée de spectacle qui s’achevait dans la liesse. D’autres préfèrent plutôt raser les abords de la scène comme pour un dernier pèlerinage, observant les techniciens s’affairer à démonter la tribune du FEMUA.«Vous savez, nous sommes en Afrique. Et c’est comme un illustre invité accueilli par le village et le voir mourir dans ces conditions, la communauté se sent un peu responsable, comme si elle n’avait pas su veiller sur lui et c’est un drame que nous vivons au plus profond de nous», explique Gilles Andoh, la chevelure blanche et la mine sévère, assis sous un arbre devant sa modeste maison d’Anoumabo, non loin de là.Ailleurs dans la ville, où la nouvelle s’est rapidement répandue, c’est également l’incompréhension. «Comment cela a-t-il pu arriver ? Le savait-on malade ?», interroge-t-on. Et même si la vie continue son cours normal, «l’histoire retiendra que ce grand artiste est mort sur scène à Abidjan, et ce n’est pas rien», explique Magloire Assi, manager d’artiste.«La musique, c’est ma vie»«On a rarement vu, sinon jamais vu ici un artiste, de cette trempe surtout, succombé sur scène, en pleine prestation et comprenez que ça a quelque chose de choquant, la douleur est vive» renchéri un employé de la mairie de Marcory, qui a pris une part active à l’organisation de l’évènement.Deux jours auparavant, le vendredi 22 avril, invité à la célèbre émission «C’Midi» de la télévision ivoirienne, sa dernière apparition sur un plateau de télé, l’homme avait témoigné sa foi en Dieu et avait déclaré : «j’aime la musique, (…); la musique, c’est ma vie (…) et ma famille le sait». Le «roi de la rumba», le «chef du village Molokaï», le «roi de la sapologie» aura quitté cette terre des hommes, le micro à la bouche, vivant sa passion,...
Le 25/04/2016 à 11h08