La reprise du procès de Gbagbo sous le signe de l’espoir pour ses partisans

L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.

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Le 09/05/2016 à 16h55

Alors que le procès de Laurent Gbagbo et de son co-accusé Charles Blé Goudé a repris ce lundi matin à la CPI, la passion des premiers jours semble bien être retombée chez les partisans de l’ancien président ivoirien. Mais l’espoir d’une libération prochaine du «Woody» reste encore vif.

A Abidjan, l’heure n’est plus aux grands rassemblements dans la commune de Yopougon, fief abidjanais de l’ex chef d’Etat, à l’occasion de la reprise du procès comme en début d’année. La vie continue son cours, mais l’espoir d’un retour du «Woody» reste présent.Pour les partisans de Laurent Gbagbo, sa libération ne fait l’ombre d’aucun doute. Ils en veulent pour preuve le premier report du procès en juin 2013, la Chambre préliminaire de la CPI -Cour pénale internationale- ayant estimé que le dossier n’était pas suffisamment solide. Et la comparution de «Sam l’Africain» dont la déposition, en principe à charge, a plus que contrarié la cour.Cette position est surtout alimentée par le FPI -Front populaire ivoirien-, le parti créé par Gbagbo, dont les deux tendances ne cessent de rappeler à qui veut les entendre qu’il s’agit d’«un procès politique» voulu par la France et qu’il faudra alors une solution politique. Mais alors comment ?La méthode divise au sein du parti. Pour la tendance officielle dirigée par Affi N’Guessan, le maintien d’un dialogue politique avec le pouvoir à Abidjan, de sorte à maintenir un climat de paix dans le pays, est l’un des leviers, un signal qui devrait contribuer à cette libération. «Ils (la dissidence dirigée par Aboudramane Sangaré, ndlr) sont hors-jeu. Au contraire ils enfoncent Gbagbo en prison. Nous avons très vite compris que les clés de la prison se trouvent dans le dialogue et la paix», a déclaré ce samedi Nicolas Nomel, secrétaire national du parti en tournée dans le sud du pays.Du côté de certains activistes des droits de l’Homme, il y a bien un amalgame qui est fait. «Gbagbo n’a certes pas pris les armes, mais en tant que dirigeant d’un système, il a une part de responsabilité dans les actes posés par ses obligés sur le terrain, qui ont agi sous son étendard». Et un autre de réagir : «il y a bien eu des victimes et il faut bien que quelqu’un réponde des actes qui ont été posés».«Tous admettent qu’il y a eu des victimes de part et d’autre. Pourquoi un seul camp devrait-il alors répondre ?» rétorque le FPI, qui dénonce «une justice des vainqueurs» qui divise le pays.138 témoins et 5.300 éléments à chargesCette autre série de comparutions qui s’ouvre aujourd’hui verra la poursuite des interrogatoires et contre interrogatoires des témoins de l’accusation.Selon la procureure Fatou Bensouda, 138 témoins viendront déposer devant la cour (seuls cinq ont déjà comparu) et 5.300 éléments à charge seront présentés pour démontrer une volonté des co-accusés de mener des actions violentes «généralisées» et «systématiques» contre «des communautés ethniques et religieuses».Laurent Gbagbo et Blé sont notamment accusés pour crimes contre l’humanité pour les violences qui ont ensanglanté le pays durant la crise post-électorale de 2010 (entre novembre 2010 et avril 2011).

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 09/05/2016 à 16h55