HRW dénonce des abus dans les expulsions des populations des forêts classées

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Le 13/06/2016 à 18h07

L’expulsion des populations occupant illégalement les forêts classées se fait avec de nombreux abus, dénonce un rapport de l’ONG Human Rights Watch publié ce 13 juin.

Menaces, extorsion de fonds, violences, non respects du droit international : le chapelet de récrimination de Human Rights Watch s’allonge à mesure que l’on parcourt le rapport sur l’expulsion des populations occupants illégalement les réserves forestières ivoiriennes.Le gouvernement a en effet décidé de restaurer les 231 forêts classées que recèle e pays, afin de reprendre en main cet espace dont la superficie a été divisée par 8,, passant ainsi à 2 millions d’hectares, contre 16 millions dans les années 60. Une reprise en main qui fait d’ailleurs partie de ses engagements pris lors de la COP 21, le pays voulant rétrocéder 20% de son territoire à la forêt.«Des familles sont violemment expulsées des terres sur lesquelles elles ont vécu et travaillé pendant des années, et voient tout ce qu’elles possèdent détruit en un instant», a regretté Jim Wormington, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch. «Le manque de surveillance des opérations de la SODEFOR, agence publique en charge des Eaux et Forêts, a laissé ces communautés vulnérables sans défense contre les abus».Selon le rapport, aucune des familles expulsées n’avait reçu «d’avertissement préalable concernant la date de l’expulsion», «comme l’exige le droit international», ni eu la possibilité de récupérer leurs possessions avant que leurs maisons soient incendiées. Les agriculteurs sont en outre souvent battus et humiliés pendant les opérations d’expulsion quand ils ne sont pas rackettés avec de faux espoirs d’être épargnés par les mesures d’expulsion.Suspendre les expulsionsHRW demande au gouvernement ivoirien de suspendre «immédiatement toutes les expulsions dans les forêts classées jusqu’à ce qu’il adopte une législation octroyant aux agriculteurs les protections qui leur sont accordées selon le droit international».L’opération entamée en juin 2013 concerne des dizaines de milliers de paysans, avance l’ONG qui indique qu’environ 20% des récoltes de cacao proviennent de ces réserves forestières.Le dilemme pour les autorités est à la mesure des enjeux. Restaurer ses forêts pour espérer maintenir un climat propice à la survie de son florissant secteur agricole ou veiller à la subsistance de ces milliers, voire centaines de milliers de personnes qui n’ont que ces espaces comme source de subsistance. La question, maintes fois posée des décennies auparavant, n’a pas été résolue avec les conséquences que nous connaissons.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 13/06/2016 à 18h07