Le Conseil de l’université d’Abidjan appelle au maintien de la police sur le campus

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Le 08/07/2016 à 11h54, mis à jour le 08/07/2016 à 12h03

La police doit rester sur le campus de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan et les syndicats d’étudiants doivent être suspendus. Ce sont les principales requêtes du Conseil de l’Université d’Abidjan pour essayer de rompre avec les tensions entretenues par les syndicats estudiantins.

Au cours d’un conclave qui s’est tenu ce mercredi, le conseil de l’université a réclamé le maintien de la police sur le campus de l’université FHB d’Abidjan et la suspension de toutes les activités des syndicats. Dans sa déclaration publiée ce 7 juillet, l’instance dirigeante de la principale institution d’enseignement supérieur du pays a dénoncé le climat de défiance des syndicats estudiantins, aggravé par le décès à la mi-juin d’un étudiant, percuté mortellement par un véhicule de police au sein de l’espace universitaire.Un contexte qui a été marqué par l’incident survenu le 20 juin dernier lors de ce qui devait être une marche d’hommage à l’étudiant en question. «(…) Madame le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministre des Sports et des Loisirs ont échappé de justesse au lynchage, grâce à la vigilance et à la dextérité de leurs gardes de corps et de certains étudiants», dénonce le Conseil.Et la position est partagée par la communauté universitaire. Dans une interview ce jeudi au journal Le Patriote, le professeur Johnson Kouassi, secrétaire général de la Coordination nationale des enseignants chercheurs de Côte d’Ivoire (Cnec, le principal syndicat d’enseignants), évoque un contexte de «guerilla» qui prévaut sur le campus universitaire. Cela au regard de actes de violence auxquels se livrent les syndicats estudiantins pour s’assurer le contrôle du campus et appelle à «extirper ces malfrats de l’espace universitaire». Ce dernier a en outre déploré une certaine passivité des forces de l’ordre qui semblent «impuissants face à des fauteurs de trouble».Du côté des syndicats estudiantins, dont la FESCI, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (principal syndicat étudiant du pays), la mort de l’étudiant a servi de prétexte pour exiger bruyamment, à travers des sit-in réguliers, le départ des forces de l’ordre, dont la présence est présentée comme une «violation des franchises universitaires».Dans le microcosme ivoirien, les syndicats estudiantins ont toujours été considérés comme un facteur de déstabilisation politique. L’on a toujours en tête l’engagement de la Fesci, alors dirigée par un certain Soro Guillaume, actuel président du parlement ivoirien, qui avait contribué par ses manifestations à l’avènement du multipartisme en Côte d’Ivoire. Un souvenir qui continue de hanter les pouvoirs successifs qui ont toujours traité la question en soufflant à la fois le chaud et le froid.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 08/07/2016 à 11h54, mis à jour le 08/07/2016 à 12h03