Côte d’Ivoire: 1.129 cas de viols recensés en 3 ans dont 66% sur des mineures

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Le 12/07/2016 à 11h44, mis à jour le 12/07/2016 à 13h33

Entre 2012 et 2015, 1.129 cas de viol ont été recensés en Côte d’Ivoire, dont seulement 20% ont connu une suite judiciaire, s’alarme un rapport des Nations Unies publié ce 11 juillet. «Un fléau» qui tend à être banalisé alors que la réponse judiciaire reste insuffisante.

Le rapport rédigé par les experts de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), a recensé 1.129 cas de viol en Côte d'Ivoire entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2015, dont 66% des victimes sont des mineures.La prévalence de ces crimes, a sans doute été exacerbée par les années de conflit qu'a connu le pays et qui ont «favorisé une culture de violence en raison du climat général d'insécurité et ont été marquées par une impunité persistante due à l'absence de répression judiciaire systématique», relèvent les enquêteurs.Et même si l’ordre institutionnel a été rétabli, le viol reste d’actualité en raison du peu d’intérêt accordé par le système judicaire qui tend à en minimiser «la gravité». Les 203 cas ayant abouti à un jugement ont fait l'objet d'une «requalification» des faits, «comme des délits et non comme des crimes pour lesquels les peines encourues sont beaucoup plus lourdes», déplorent les experts. Par ailleurs, le recours très répandu aux règlements à l'amiable, notamment dans les cas de viol d'enfants, est particulièrement préoccupant, ajoute le rapport, précisant qu'il se fait généralement au détriment des droits de la victime et sans son consentement, ce qui «contribue sans conteste à la banalisation du viol et au retranchement de la victime dans une position de faiblesse et de vulnérabilité».Mesures urgentesSi 90% des cas de viols documentés dans le rapport a fait l'objet d'une enquête, moins de 20% d'entre eux ont abouti à un jugement. En cause, la lenteur des procédures et des décisions de justice, ainsi que divers dysfonctionnements dans la conduite des enquêtes qui constituent aussi des obstacles majeurs dans la lutte contre les viols, mais également la stigmatisation des victimes, dont beaucoup ne portent pas plainte, rapporte les deux institutions.Aussi des mesures «urgentes» devront être engagées via la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre, recommande le rapport. Une stratégie qui doit notamment intégrer l’accès gratuit à la justice des victimes de violences sexuelles, la révision du Code pénal afin d'y intégrer une définition du viol et des autres formes de violences sexuelles et «sanctionner» tout recours au «règlement à l'amiable».

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 12/07/2016 à 11h44, mis à jour le 12/07/2016 à 13h33