Côte d’Ivoire-déchets toxiques: 10 ans après l’incident de Probo Koala, l’inquiétude demeure

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Le 19/08/2016 à 10h35

Dix ans après le déversement illégal de déchets toxiques à Abidjan, un groupe d'experts de l'ONU appelle, dans un article, le gouvernement ivoirien et la communauté internationale à jouer la transparence et à s’attaquer aux conséquences humanitaires et environnementales de cette pollution inédite.

Le 19 août 2006, le cargo Probo Koala avait déchargé 500 tonnes de déchets toxiques à Abidjan. Les substances dangereuses, qui appartenaient à la société anglo-néerlandaise Trafigura, ont ensuite été abandonnées dans 18 sites autour de la ville tandis que de nombreux autres endroits où les déchets ont été potentiellement déversés demeurent inconnus à ce jour, s’alarment les experts.

En novembre 2015, le gouvernement ivoirien avait annoncé avoir terminé la décontamination de tous les dépotoirs. Mais selon les experts, «les résidents se plaignent encore de l'odeur de déchets lors des fortes pluies, ainsi que des maux de tête, des problèmes de peau et de troubles respiratoires dont ils pensent qu'ils sont liés à cette affaire», ce qui laisse planer un doute quant à l’effectivité de l’opération et interpelle sur les conséquences à long terme de ces déchets.

Le fait est que 10 ans après, les populations restent dans «l'ignorance des dangers actuels pour leur santé». «Ils ignorent toujours le contenu exact des déchets toxiques» et ne savent pas «si les décharges ont été adéquatement éliminées, et si les déchets ont pénétré le système d'approvisionnement en eau ou la chaîne alimentaire», a précisé le groupe qui indique qu'il y a lieu de craindre pour la sécurité alimentaire et la santé des générations futures.

Aussi le groupe attend-t-il la publication en fin d’année des résultats de l’audit environnemental des sites des déchets mené en juillet dernier par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).

Appel à la communauté internationale

Pour les experts, il est temps de demander une assistance financière et technique supplémentaire à des experts en santé publique et à l'ensemble de la communauté internationale pour une meilleure prise en charge des conséquences de cette pollution.

«Compte tenu de leur rôle dans ces événements, les gouvernements des Pays-Bas et du Royaume-Uni où Trafigura est enregistrée, ont une responsabilité particulière pour le faire», ont précisé les experts qui rappellent qu'en mars 2015, le Royaume-Uni a refusé de lancer une enquête criminelle sur la question de savoir si la filiale de Trafigura basée à Londres avait conspiré sur le territoire britannique afin de déverser les déchets à Abidjan.

Le groupe demande par ailleurs au gouvernement de veiller à la transparence des opérations d’indemnisation des victimes. En juin dernier, la justice anglaise avait condamné le cabinet Leigh Day à verser 1.150 euros, soit environ 750000 FCFA, à chacune des 4.752 victimes n’ayant pas perçu leur part d’indemnisation versé par l’armateur.

Selon les estimations officielles, 15 personnes sont mortes, 69 personnes ont été hospitalisées et plus de 108.000 personnes ont demandé un traitement médical à la suite de ce qui a été appelé «l'affaire du Probo Koala».

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 19/08/2016 à 10h35