Côte d’Ivoire-Ebola: le gouvernement interdit la chasse pour éviter la ruée vers le gibier

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Le 22/09/2016 à 11h39, mis à jour le 22/09/2016 à 16h10

Le gouvernement ivoirien se veut décidément «rabat-joie». Alors que les Ivoiriens se réjouissaient de pouvoir à nouveau se délecter de «viande de brousse», ils apprennent à leur grand étonnement que la chasse est fermée depuis plus de quarante ans. Et les autorités menacent les contrevenants.

Il aura fallu près de trois ans de patience pour cause d’Ebola. Pour rien? A l’annonce de la fin des restrictions liées à la fin de la maladie à virus Ebola, l’heure était à la fête entre amis et sur les réseaux sociaux : l’idée de pouvoir à nouveau manger de l’«agouti» ou du hérisson (les deux gibiers préférés des Ivoiriens) animait toutes les conversations. De la viande boucanée était de plus en plus visible sur les marchés et même des restaurants abidjanais proposaient des menus «spécial gibier». Mais la joie a été de courte durée.

Dans un communiqué publié ce mercredi, le ministère des Eaux et forêts dénonce "la vaste campagne pour la reprise de la consommation de la viande de brousse" et "rappelle que la chasse est interdite (…) sur toute l’étendue du territoire depuis 1974". Aussi, «la chasse, la détention, la circulation, le commerce et la consommation» du gibier sont «passibles de poursuites pénales» pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison.

L’annonce étonne nombre d’Ivoiriens qui manifestement ignoraient l’existence de cet arrêté «assassin» qui, il faut le reconnaître, était peu suivi, voire pas du tout, avant la survenue du virus. «Nous allons donc poursuivre dans la clandestinité», ont réagi des internautes sur les réseaux sociaux.

La réalité est que le gibier n’a jamais totalement disparu des assiettes durant toutes ces années, même s’il n’était plus visible sur les étals des marchés. A Abidjan, tout comme à l’intérieur du pays, il existe des «maquis» (restaurants) où l’on pouvait obtenir régulièrement de la viande de brousse à condition d’être un habitué des lieux ou d’avoir été expressément recommandé. Mais le gouvernement promet de multiplier les contrôles et la menace pourrait doucher bien des ardeurs, du moins pour quelque temps.

C’est le 8 septembre dernier que le gouvernement avait décidé de la levée de toutes les mesures restrictives liée au virus avec comme indication, entre autres, «de manipuler avec précaution le gibier», sans évoquer expressément la poursuite de la mesure d’interdiction de la chasse.

Comme alternative, les autorités proposent aux Ivoiriens de se tourner vers le gibier d’élevage, une activité encore peu développée dans le pays.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 22/09/2016 à 11h39, mis à jour le 22/09/2016 à 16h10