Côte d’Ivoire: se loger, le casse-tête des Abidjanais

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Le 02/02/2017 à 18h19, mis à jour le 02/02/2017 à 18h21

En dépit d'une volonté de régulation du gouvernement ivoirien dans le domaine, se loger à Abidjan demeure un casse-tête. Les propriétaires de maisons continuent d’imposer aux locataires des loyers exorbitants et l’État semble bien impuissant.

«On ne trouve pas de maisons à Abidjan. Celles qu’on trouve sont à des prix exorbitants». Ces propos, on les entend trop souvent dans la capitale économique ivoirienne. La demande de logement a explosé depuis le début des années 2000 période à laquelle, à cause de la crise armée de 2002, la capitale était apparue comme un lieu plus sûr pour des centaines de milliers d’Ivoiriens.

Conséquence: les loyers ont flambé. Là où il était possible de décrocher un loyer à 5.000 francs dans les années 1990 pour un «entrée-couché» ou un studio dans les communes populaires (et plutôt insalubres) d’Abobo et Adjame à Abidjan, il faut maintenant prévoir le double sinon le triple selon la zone d’habitation. Il faut compter minimum 40.000 à 100.000 Fcfa à Yopougon et dans d’autres quartiers de la classe moyenne comme Marcory, Treichville, et jusqu’ à 150.000 Fcfa dans la commune chic de Cocody. A partir d’un deux pièces dans ces zones, les loyers commencent à 50.000 francs et s'envolent jusqu'à un million et plus.

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Cette situation qui va de pair avec la hausse du coût de la vie, mais aussi avec l'augmentation progressive de la classe moyenne. Le fait est que pour justifier les hausses de loyers, les propriétaires misent désormais sur des habitations plus modernes avec des équipements haut de gamme voire luxueux. Cet état de fait, plus visible à l’époque à Cocody, s’est répandu dans les autres communes avec les nouvelles constructions.

L’autre difficulté pour les locataires réside dans les conditions d’accès à la location. Il faut verser au minimum l’équivalent de six mois loyer au propriétaire (comprenant avance et caution). Les exigences vont parfois jusqu’à douze mois et plus, ce qui représente des millions de Fcfa, une somme servant souvent à achever une maison en construction.

Cette situation critique ne semble pas sur le point de s'améliorer vu les besoins criants dans cette ville où selon les experts, il existe un déficit d’environ 300.000 logements et où il faudrait construire 40.000 logements chaque année pour satisfaire la demande.

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Le gouvernement ivoirien avait entrepris en 2015 de mettre un terme aux dérives, avec un projet de loi fixant à deux mois de caution et à un mois d’avance les conditions d’accès à la location. La démarche a fait ricaner bien des propriétaires et la loi n’est jamais entrée en vigueur.

«Nos maisons, c’est nous qui les construisons. Nous savons ce qui a été investi et en combien de temps nous voulons amortir notre investissement. L’Etat ne peut rien nous imposer, d'autant qu'il ne nous a pas associé à la moindre discussions sur le sujet», réagit Kalifa Bamba, bailleur de plusieurs habitations dans la commune d’Adjamé (centre d’Abidjan). Selon lui, l’offre est toujours faite et accordée à ceux le veulent. «Il y a des gens qui paient les prix affichés et ne discutent pas. Et c’est l’essentiel. Que ceux qui ne peuvent pas payer restent là où ils sont», tranche-t-il.

L’ultime espoir aurait pu venir du programme gouvernemental de logements sociaux. Mais là également les choses piétinent depuis le lancement du programme en 2012 avec seulement un demi-millier de logements livrés. En attendant il y aura toujours une maison à louer pour ceux qui sont prêts à payer un peu plus cher que les autres.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 02/02/2017 à 18h19, mis à jour le 02/02/2017 à 18h21