Côte d’Ivoire. Deux soldats témoignent: "nous avons été floués"

DR

Le 14/05/2017 à 19h47, mis à jour le 14/05/2017 à 20h49

Deux soldats ivoiriens, IB et Abdoulaye (pseudonymes), ont bien voulu exprimer le malaise de leurs confrères qui se sentent floués par les dernières déclarations du gouvernement affirmant qu’ils renonçaient à toutes leurs revendications pécuniaires.

"Nous avons reçu les 5 millions de francs CFA (7.600 euros, ndlr) mais avec la promesse d’en recevoir tous les mois 1 million de francs durant 7 mois". Il comprendre qu’avec cette promesse les premiers 5 millions ont été vite dépensés." Les gars ont acheté des motos, des voitures, des terrains, distribué de l’argent aux parents, à la famille. Mais beaucoup aussi ont mené la belle vie dans les maquis et les boîtes de nuit", explique le sergent Abdoulaye.

Depuis fin janvier, les versements mensuels promis n’étaient plus effectués. Une situation qui commençait à réveiller les tensions au sein des troupes. C'est là que le Conseil supérieur des imams de Côte d’Ivoire (COSIM) est intervenu. Il faut en effet relever ces 8.400 soldats issus de la rébellion sont quasiment tous originaires de la parie nord du pays à dominance musulmane. Envoyés par le gouvernement, les chefs religieux devaient en effet les amener à revoir à la baisse leurs exigences financières. Avec le repli des cours du cacao, l’Etat ivoirien qui a réduit son budget n’est en effet plus en mesure de tenir certains engagements.  « On ne s’est pas vraiment entendu avec eux (les imams, ndlr). En fait nous étions divisés entre ceux qui voulaient un accord et d’autres qui réclamaient la totalité de l’argent», reprend IB. «Peut-être réduire un peu le montant, mais tout laisser tomber, non c’est trop. Nous avons des projets avec ce qui avait été promis (…). Si nous abandonnons tout, qui va réaliser nos projets?», s’interrogent-ils.

«On respecte le président Alassane Ouattara. Nous sommes prêts à faire notre part de sacrifice, mais qu’on ne nous donne pas l’impression de nous imposer des choses», reprend sergent Abdoulaye. «Ceux qui étaient à la télévision assure-t-il, ne nous ont pas consultés, ils ne peuvent pas dire le contraire». «On attend de voir ce qu’ils vont nous dire, on veut nous aussi que tout ça soit réglé une bonne fois pour toutes», clament en chœur les deux soldats. Depuis ce samedi, le calme est de retour à Abidjan, mais à l’intérieur du pays, en particulier à Bouaké, deuxième ville du pays, la tension est toujours vive. Dans cette ville, des populations sorties pour exprimer leur ras-le-bol face aux militaires ont essuyé des tirs de sommations des mutins qui ont fait selon des sources officielles, six blessés.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 14/05/2017 à 19h47, mis à jour le 14/05/2017 à 20h49