La politique du président américain dans le domaine du SIDA pourrait faire des ravages si elle devait être mise en œuvre, alerte une étude de chercheurs américains, européens et africains présentée ce mardi par l'agence Reuters. L’administration américaine a en effet décidé d’une coupe de 1 milliard de dollars sur le budget du PEPFAR, le plan d’urgence américain de lutte contre le VIH/SIDA, qui permet notamment d’assurer le traitement des antirétroviraux et de lutter contre la transmission mère-enfant du VIH dans de nombreux pays, dès 2018.
L’étude, publiée dans la revue américaine Annals of medecine, a porté sur deux pays, l’Afrique du Sud où le taux de prévalence est de 19% avec 7 millions de personnes infectées et la Côte d’Ivoire où l’on dénombre environ 460.000 malades
Dans ces pays, les chercheurs sont parvenus à la conclusion qu'il y aurait une montée en flèche du nombre de victimes, soit 1,8 million de décès supplémentaires dans les dix prochaines années, si l’accès des personnes infectées aux traitements antirétroviraux devait être restreint. En outre, plutôt que de générer des économies, la mesure aura à terme un effet inverse avec de nouveaux coûts liés à la propagation du virus, révèlent-ils.
Il faut dire que cette perspective inquiète à l’échelle internationale, d’autant que l’idée de réduire la propagation de la maladie, voire d’y mettre fin est à l’ordre du jour. Du moins est-ce l’ambition de l’ONUSIDA qui a élaborer à cette fin son programme 90-90-90. Ce programme stipule en effet que «pour mettre un terme à la maladie d’ici 2020», il faut que 90% des personnes vivants avec le VIH connaissent leur statut sérologique, que 90% des personnes dépistées infectées par le VIH reçoivent un traitement antirétroviral durable, et que 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral aient une charge virale durablement supprimée.
Et la décision américaine risque de peser sur la réalisation de cette ambition alors que seulement la moitié de 36,7 millions de personnes vivant avec le virus ont accès au traitement.
En Côte d’Ivoire où 90% du budget dédié à la lutte contre le SIDA provient de l’aide internationale, le gouvernement comptait porter à 81% le nombre de patients bénéficiant d’un traitement à l’horizon 2020, pour taux de prévalence du VIH passé de 4,7% en 2005 à 3,7 en 2012.
La question devrait être au centre des préoccupations lors de la 19e Conférence sur le SIDA et les IST en Afrique que le pays accueille du 4 au 9 décembre prochain.