Côte d'Ivoire: le noble art, un sport populaire, mais abandonné à son triste sort

VidéoS'il y a un sport qui, dès les indépendances, a conquis les cœurs en Côte d’Ivoire, c'est bien la boxe, sport favori de Félix Houphouët Boigny, premier président du pays. Mais aujourd'hui, la réalité est toute autre. Le noble art a perdu son lustre d'antan et les boxeurs dépérissent.

Le 17/04/2022 à 18h10

Sport favori du premier président ivoirien feu Félix Houphouët Boigny et en vogue à l'époque, la boxe n'est plus que l'ombre d'elle-même en Côte d’Ivoire depuis quelques décennies. Crises à répétition au sein de la fédération, manque d'infrastructures, insuffisance de compétitions pour les boxeurs sont autant d'obstacles qui minent le noble art dans le pays.

Une cour d'une école primaire de Yopougon à Abidjan, comme d'ailleurs la plupart de celles des établissements de la capitale économique du pays, est parfois transformée par des passionnés de boxe en salle d'entraînement. Ici, Sohalio Bamba l'Ivoirien champion d’Afrique en titre de la ceinture WPBF, est à l'origine de cette initiative. Laquelle consiste à s'entraîner régulièrement lui-même en solo ou avec d'autres amateurs de boxe pour maintenir le cap et se préparer pour des échéances futures.

«Ça ne va pas. On ne parle plus de la boxe en Côte d’Ivoire, car ce sport est enterré, mais nous demandons à l’Etat, au ministre, de jeter un regard sur la boxe. En effet, les boxeurs souffrent et meurent souvent dans les rues et dans la précarité. Ce n’est pas joli à voir. Tout le monde ne peut pas certes réussir dans la boxe, mais on doit aider les personnes talentueuses», déclare Sohalio Bamba.

Le champion d’Afrique catégorie super lourds (120 kg), Sohalio Bamba alias A'salfo ou lourd léger, initie également la jeune génération aux techniques du noble art à travers ces séances d'entraînement. Autrefois, il encadrait 257 amateurs, mais faute d'infrastructures adéquates, il n'en garde plus aujourd'hui qu'une vingtaine sous son aile. L'objectif est de créer une proximité et une familiarité entre la population et ce sport et susciter des vocations chez les amateurs.

«J’ai été attiré à la boxe par notre actuel champion d’Afrique, Sohalio Bamba alias A'salfo. Je venais en fait le regarder s’entraîner ici et avec le temps je me suis inscrit et j’ai aimé la boxe et tout va bien», affirme Yacouba Fofana, un boxeur amateur.

Le champion d’Afrique de boxe A'salfo a 22 ans de carrière. Il a fait 26 combats et a enregistré autant de victoires. Malgré le manque de soutien, de moyens et les autres difficultés inhérentes à sa passion, il reste optimiste quant à l'avenir du noble art en Côte d’Ivoire.

«Je suis un homme talentueux pour la Côte d’Ivoire et en même temps pour l’Afrique parce que j’aime la boxe, donc je demande à l’Etat d’aider la jeunesse. C’est ça mon plus grand rêve parce que les autres champions, surtout en Europe et aux Etats-Unis, c’est le gouvernement et d’autres personnes qui les prennent en charge», explique Sohalio Bamba.

Selon des observateurs, quoique dans une léthargie, le noble art reste un sport attractif et apprécié par le peuple. Un regard plus accru de l’Etat sur ce milieu pourrait dynamiser à nouveau la boxe et la hisser à son âge d’or.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 17/04/2022 à 18h10