Défis régionaux : les CDG du Maroc, de France, d’Italie et de Tunisie insufflent de nouvelles méthodes d’action

Les directeurs généraux des Caisses de Dépôts du Maroc, Khalid Safir, de France, Eric Lombard, d’Italie, Dario Scannapiecco, et de Tunisie, Nejia Gharbi.

Le 04/05/2024 à 12h45

Les caisses de dépôt du Maroc, de France, d’Italie et de Tunisie s’engagent dans une coopération régionale ambitieuse pour relever les défis du bassin méditerranéen. Leur objectif est de repenser les méthodes d’action traditionnelles et de trouver des solutions innovantes pour un développement durable dans la région.

Dans un monde en proie aux bouleversements climatiques et aux tensions géopolitiques, les caisses de dépôt du Maroc, de France, d’Italie et de Tunisie ont fait le pari d’une coopération renforcée pour relever les défis auxquels est confronté le bassin méditerranéen. Cette initiative prend un relief particulier pour l’Afrique, continent vulnérable mais résolu à défendre son avenir.

« Pour avoir un monde meilleur demain et au-delà de la proclamation des principes, nous devons porter de nouvelles ambitions et songer à de nouvelles méthodes d’action », a déclaré Khalid Safir, directeur général de la Caisse marocaine, appelant à inscrire le développement dans une trajectoire durable.

Réchauffement climatique, stress hydrique, érosion côtière... Les menaces qui pèsent sur la Méditerranée sont une préoccupation majeure pour l’Afrique du Nord et le Sahel, régions particulièrement exposées. « L’action collective et résolue est indispensable pour répondre aux défis inédits », souligne Eric Lombard, son homologue français.

Repenser les méthodes d’action

Au cœur des priorités identifiées figurent l’investissement, la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité et le financement de l’innovation au service du potentiel humain. Un agenda ambitieux pour ces institutions contracycliques, qui mobilisent des ressources nationales au profit de l’intérêt général.

« Adopter de nouvelles ambitions et repenser les méthodes d’action » sont les maîtres mots de Nejia Gharbi, directrice général de la Caisse Tunisienne, pour qui l’accompagnement des transitions est crucial pour le bien-être des générations futures. Une approche qu’appelle de ses vœux l’Union pour la Méditerranée, enceinte multilatérale dédiée au développement durable et inclusif de la région.

Au-delà des déclarations d’intention, la création d’un « cadre permanent de concertation » (CPC) vise à instaurer un partage opérationnel d’expertises et de bonnes pratiques entre les quatre caisses. L’enjeu est de taille : déployer des solutions innovantes qui auront un impact direct sur les populations.

Cette coopération structurée devrait également favoriser les interactions avec l’écosystème financier méditerranéen, mobilisant acteurs nationaux et institutions régionales comme la Banque européenne d’investissement ou la BERD. Une synergie essentielle pour garantir la cohérence et l’efficacité des dispositifs de financement.

Pour de nombreux observateurs, cette initiative reflète la pertinence renouvelée du modèle des caisses de dépôt, outils souverains à même de conjuguer développement économique et enjeux sociaux et environnementaux sur le long terme. Leur expertise sera précieuse dans les discussions internationales sur le financement des transitions écologiques et numériques.

Un rapprochement laissant entrevoir des perspectives de coopération Sud-Sud

Ce rapprochement n’est pas anodin à l’heure où l’Afrique plaide pour des solutions de financement adaptées à ses réalités. Les défis climatiques, énergétiques et démographiques imposent de repenser les modèles traditionnels d’aide au développement, souvent jugés trop verticaux et peu flexibles.

La mobilisation de ressources domestiques, promue par les caisses de dépôt, fait figure de piste crédible pour le continent, qui peine à attirer les capitaux extérieurs malgré son potentiel. Cette approche, couplée aux efforts de transformation structurelle, pourrait favoriser l’émergence de nouveaux leviers de croissance verte et inclusive.

Ce rapprochement entre caisses méditerranéennes laisse également entrevoir des perspectives de coopération Sud-Sud renforcée. L’Afrique, qui compte de nombreuses institutions étatiques proches du modèle, pourrait y puiser de nouvelles sources d’inspiration et de financement durable.

Reste une interrogation de taille : la capacité de ces acteurs souverains à transcender les pesanteurs géopolitiques pour faire converger les intérêts sur des projets d’envergure régionale. L’équation sécuritaire et migratoire complexifie toute vision panméditerranéenne ambitieuse.

Cependant, à l’heure des bouleversements climatiques et sociétaux, les défis partagent un dénominateur commun : la nécessité de solutions innovantes, collectives et agiles. Sur cette base, le multilatéralisme financier pourrait offrir un terreau fertile pour renouveler les approches du développement durable.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 04/05/2024 à 12h45