Ali Bongo biafrais: l’enquête de Midi-libre qui démonte la thèse sur sa nationalité

Photo de Classe 1965-1966, Alain Bongo était donc à Alès, en France et non au Biafra

Photo de Classe 1965-1966, Alain Bongo était donc à Alès, en France et non au Biafra. DR

Le 17/09/2016 à 10h24, mis à jour le 17/09/2016 à 14h08

Photo de classe et témoignages de ses camarades et de son instituteur à l’appui, l’enquête du quotidien local Midi-Libre vient démonter la thèse selon laquelle Ali Bongo serait Biafrais, donc Nigérian. Au Palais du bord de mer, on jubile. Mais malgré les preuves, Pierre Péans tient à sa thèse.

Pendant toute la campagne électorale gabonaise, le sujet de la nationalité d'Ali Bongo était du pain béni pour l’opposition. On a attendu plusieurs fois Jean Ping affirmer "qu’Ali Bongo est un enfant venant de la guerre du Biafra adopté par le couple Bongo à la fin des années 1960". Midi-libre montre cependant qu’Alain Bongo, devenu Ali en 1973 à la conversion de sa famille à l’islam, était scolarisé à Alès, dans le Midi en France dès 1965.

C'était alors vrai, "son père est vice-président"

Plusieurs de ses camarades témoignent. "C’était le seul noir de la classe et moi j’étais le seul arabe, on nous avait assis à côté !", se souvient Omar Krim. Mais à l’époque, Alain n’était pas encore devenu Ali. Ses camarades ne croyaient pas qu’Alain était le fils du vice-président gabonais, jusqu’au jour où en sortant des classes, "on a vu Omar Bongo et le président Mba venir chercher Alain Bongo et Brigitte Mba, avec des grosses voitures officielles", s’enthousiasme Zohra. "C’était vrai alors. C’est génial", ajoute celle qui a près de la soixantaine aujourd’hui.

Un autre aussi garde de vifs souvenirs d’Alain, il s’agit de son instituteur, Roland Larguier, aujourd’hui âgé de 83 ans. "On a suivi sa carrière", dit-il à Midi-Libre et ajoute sur les ondes de RFI, "on a toujours su qui il était, jusqu’au moment où il a succédé à son père en 1989". Selon lui, "Alain était un élève moyen, mais calme et qui se tenait toujours bien en classe".

Qui a payé Péans?

Evidemment, cette enquête vient décrédibiliser le livre de Pierre Péans qui est basé sur l’hypothèse qu’Ali Bongo est un enfant du Biafra adopté vers la fin des années 1960. Même les camarades de classe d’Ali Bongo affirment qu’il ne parlait pas un seul mot d’anglais. Ce qui est quand même le comble pour un jeune nigérian qui aurait été fraîchement arraché à sa famille. "Son français était parfait", affirme encore l’un de ses camarades.

De plus si l'on remet les choses dans leur contexte, on se rend vite compte qu'Omar Bongo, alors vice-président du Gabon, tenait à mettre sa famille à l'abri. En effet, un coup d'Etat venait d'avoir lieu en 1964, il fallait donc trouver un lieu sûr, aussi isolé que la région du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Cela explique aussi que certaines pesonnes se posent des questions, parce qu'Ali Bongo retournera dans son pays au même moment que se déroule la Guerre du Biafras, quittant Alès justement vers la fin des années 1960. A partir de ce moment, c'est facile d'avoir des témoignages s'accrochant à cette thèse. 

Mais Pierre Péans tient mordicus à sa vérité. Visiblement selon lui, il est le seul à savoir qui est vraiment Ali Bongo. Il l’a encore dit aux ondes de Radio France International qui lui a tendu, une fois de plus, son micro. Son insistance à vouloir avoir raison ne démontre qu’une chose, son livre doit lui avoir rapporté beaucoup plus que les seules recettes tirées des ventes. N'a-t-il pas reçu de la part des adversaires d'Ali Bongo un intéressement qui le pousse à s'acharner désomais contre la vérité? 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/09/2016 à 10h24, mis à jour le 17/09/2016 à 14h08