Gabon: Ali Bongo réforme la "légion étrangère" et renouvelle son cabinet

Maixent Acrombessi, gabonais d'origine béninoise, occupait jusqu'ici le poste de Directeur de cabinet d'Ali Bongo Ondimba.

Maixent Acrombessi, gabonais d'origine béninoise, occupait jusqu'ici le poste de Directeur de cabinet d'Ali Bongo Ondimba.

Le 06/10/2016 à 09h36, mis à jour le 06/10/2016 à 12h08

Revue de presseAli Bongo a-t-il compris qu'un bilan économique seul ne suffit pas? Il vient de concrétiser sa phrase "j'ai compris le message des Gabonais" en limogeant les deux personnes d'origine étrangère qui jouaient un rôle de premier plan dans son cabinet. Est-ce que ce sera suffisant?

Kiosque Le 360 Afrique. Dans un article d’une virulence rarement égalée et intitulé "Sauve qui peut au Palais du bord de mer", le site Afrique Education commente la première décision importante après la formation du premier gouvernement. "Ali Bongo Ondimba vient de sacrifier (…) les deux caciques de sa "légion étrangère" qui faisaient la pluie et le beau temps dans son cabinet : Maixent Accrombessi et Liban Soleiman". Cela en dit long sur le ressentiment envers l’entourage du président gabonais.

D’ailleurs, l’opposition avait fait campagne sur deux thèmes principaux. D’une part, elle reprochait à Ali Bongo de n’être pas né gabonais. D’autre part, elle affirmait que le cabinet d’Ali Bongo était composé de personnes ayant acquis la nationalité gabonaise tardivement, personnes à qui elle a donné le sobriquet de "légion étrangère".

Ces attaques avaient visiblement fait mouche auprès de la population gabonaise, puisque la moitié des électeurs ont choisi Jean Ping qui a été crédité de 47,2% des voix.

Mardi 4 octobre 2016, lors du premier Conseil des ministres du gouvernement post-élections, Ali Bongo n’y est pas allé de main morte. A la surprise générale, plusieurs cadres ont été limogés, notamment ceux de son cabinet, concrétisant la phrase qu’il avait prononcée dans son premier discours après la confirmation de son élection par la Cour Constitutionnelle. "J’ai compris le message des Gabonais", avait-il dit.

Ainsi, Maixent Accrombessi, d’origine béninoise et directeur de cabinet au Palais du bord de mer, est le premier à passer à la trappe. C’est sans doute celui qui symbolisait pour beaucoup de Gabonais "la légion étrangère que dénonçait l’opposition". Car Accormbessi était pratiquement le représentant du président de la république au sein de plusieurs conseils d’administration. Certains lui reprochaient presque de "fourrer son nez partout". Ce qui ne manquait pas d’irriter la vieille garde du temps d’Omar Bongo. Aujourd’hui, occupant la fonction de "Haut représentant du chef de l’Etat", continuera-t-il à être les oreilles et les yeux d’Ali Bongo dans certains centres de décision? C’est une question que se posent plusieurs Gabonais. Maixent Accrombessi est remplacé par Martin Bouguikouma, originaire, quant à lui, du Haut Ogooué, la province d’origine des Bongo.

Autre personne écartée, Liban Soleiman, d’origine somalienne et qui occupait jusqu’ici le poste de chef de cabinet. Désormais, il aura la charge du Plan stratégique Gabon émergent, dont il devient le coordinateur. A sa place, c’est une femme qui prend fonction, en l’occurrence Nina Patricia Tshounghat, commandante des Forces armées gabonaises.

Aujourd'hui, la question qui se pose est de savoir s'il aura de nouveau l'adhésion de la moitié de la population qui n'a pas voté pour lui lors du scrutin du 27 août dernier. Ces départs lui avaient déjà été demandés par Guy Nzouba Ndama, ancien président de l'Assemblée nationale, sans qu'il accède à la sollicitation. D'autres personnes s'y étaient également essayées sans réussir. Il semble donc que la voix de la miotié de la population soit enfin audible. Les plus récalcitrants continueront évidemment d'en réclamer plus. Mais certains reviendront sans doute à de meilleurs sentiments. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 06/10/2016 à 09h36, mis à jour le 06/10/2016 à 12h08