L’opposition guinéenne dénonce la hausse des marchés de gré à gré

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Le 21/07/2016 à 10h50

L’opposition guinéenne a indexé le gouvernement pour sa gestion des affaires économiques, arguant que celui-ci s’est fortement illustré au cours des deux dernières années par l’attribution des marchés de gré à gré et des surfacturations de certains contrats.

Les partis réunis sous la bannière «Opposition républicaine» en Guinée ont accusé aujourd’hui le pouvoir d’avoir englouti 9.000 milliards de francs guinéens (environ 1 milliard de dollars) dans des marchés de gré à gré hautement surfacturés, entre 2014 et 2015.

L’opposition, qui a porté ces graves accusations au cours d’une conférence, a souligné que ce montant faramineux aurait pu servir à la construction de deux barrages hydroélectriques de la taille de Kaléta (240 mégawatts), afin de résorber la crise d’électricité dans le pays.

Mais au lieu de cela, a déploré le groupe, les marchés ont été accordés à des amis et certains cercles familiaux qui soutiennent généralement le pouvoir lors des campagnes électorales.

«Ces pratiques existaient déjà sous le régime d’Alpha Condé, mais en 2014, elles ont atteint des niveaux extraordinaires», a affirmé le porte-parole de l’opposition, Aboubacar Sylla, lors d’une conférence de presse.

Selon ces mêmes partis d’opposition, les marchés ont été octroyés en violation du Code des marchés publics qui exige un appel à concurrence pour les contrats dont les coûts dépassent 20 millions de francs guinéens.

Ils citent pour exemples, le projet de construction d’une centrale thermique de 100 mégawatts «octroyé sur ordre du président Alpha Condé» à la société brésilienne Asperbras pour un montant de 122 millions de dollars. Et dont 105 millions de dollars ont été encaissés par le bénéficiaire sans pour autant que le contrat ne puisse être exécuté.

Aboubacar Sylla, par ailleurs député de l’UFDG, a aussi rangé dans cette catégorie de marchés onéreux accordés sans appels d’offres, la location des groupes électrogènes d’Aggreko pour la fourniture de 50 mégawatts pour un montant de 130 millions de dollars, la réhabilitation du Palais Mohammed V pour 40 millions d’euros et la réfection de la route Kankan-Kissidougou par une société burkinabé pour un montant de 5,5 millions d’euros.

D’après l’opposition, cette aisance de l’Etat à accorder les contrats en violation flagrante des principes a contribué à réduire les réserves en devises de la banque centrale de quatre à un mois d’importation. Et pour compenser les pertes, accusent les partis, l’Etat procède à une augmentation des taxes au détriment des consommateurs.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 21/07/2016 à 10h50