Guinée: le déficit de formation et d'encadrement plombe l'artisanat

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Le 15/02/2017 à 16h02

Pour le ministre guinéen de l'Artisanat, Thierno Ousmane Diallo, le salut du secteur passe par la création d'un Centre de l'artisanat à l'image des autres pays. Pourtant, d'autres conditions sont nécessaires pour que le premier employeur du pays prenne son envol.

Le ministre Diallo reconnaît que l'artisanat guinéen n'est pas compétitif. Et, il estime qu'on ne devrait pas reprocher aux Guinéens de préférer des produits de l'artisanat étranger. Il y a un problème de qualité des produits qui sont souvent mal finis et c'est lié au déficit de formation, soutient en substance Thierno Ousmane Diallo, ministre de l'Hôtellerie, du tourisme et de l'artisanat. En plus de la formation, il évoque un manque de suivi et un défaut de marketing. Des problèmes qu'il croit pouvoir résoudre à travers la création d'un centre de l'artisanat. Le ministre d'Alpha Condé regrette que la Guinée soit le seul pays à ne pas avoir son centre.

"Si vous allez dans tous les pays du monde, il y a un centre de l'artisanat sauf chez nous", a-t-il affirmé dans le cadre d'une rencontre entre une association de patrons et la Fédération nationale des professionnels de la filière bois. " Si on a un centre artisanal, nous allons faire en sorte que les artisans soient non seulement recensés mais qu'ils soient également formés...", a annoncé Thierno Ousmane Diallo. Un terrain a déjà été trouvé pour le futur centre, il reste désormais à construirele structure.

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Le ministre Diallo n'est pourtant pas sur la même longueur d'onde que nombre de Guinéens. Même si le marché local est envahi par des produits artisanaux étrangers, notamment du Ghana, du Mali, de la Côte d'Ivoire, du Sénégal... Les louanges ne manquent pas à l'endroit des artisans guinéens. «L'artisanat guinéen est compétitif... Les professionnels du secteur ont la compétence nécessaire. Ils participent à des foires internationales de l'artisanat dont la foire des Etats-Unis», explique sur le site Guinée Inter, Fodé Ismael Camara, inspecteur régional de l'Artisanat.

Avant l'instruction présidentielle "consommons ce que nous produisons" de décembre dernier, le secteur artisanal guinéen a en effet souffert d'une négligence des gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. Sans encadrement, ni promotion, le secteur semblait jusqu'ici délaissé. Dans cette situation, seul l'artisanat du textile arrive tant bien que mal à tirer son épingle du jeu. " J'ai rencontré les artisans et mis à leur disposition un fonds d'aide qui leur permettra de réorganiser leur secteur et de produire davantage... J'engage l'Etat à équiper notre administration de produits mobiliers fabriqués par les créateurs guinéens", a indiqué Alpha Condé fin 2016. Le président Condé a entrepris d'équiper les institutions guinéennes de meubles Made in Guinea, et a appelé à soutenir l'artisanat pour permettre aux Guinéens " de consommer ce qu'ils produisent ". Et la directive présidentielle commence à payer. Répondant à l'invitation du chef de l'Etat à promouvoir l'artisanat guinéen, le 10 février dernier, la Confédération patronale des entreprises de Guinée (CPEG) a offert 150 millions de francs guinéens à la Fédération nationale des professionnels de la filière bois.

Réputé porteur de croissance , le secteur artisanal occupe en Guinée 70 % de la population active et représente 40 % de la production manufacturière. Selon les estimations, le pays compte environ 700 mille artisans. Pour le directeur de l'Office national de la promotion de l'artisanat, l'appel messianique du chef de l'Etat ne suffit pas. S'exprimant sur la radio Espace FM, il a indiqué qu'il faudra aussi une réorganisation structurelle et fonctionnelle de la Fédération vieillissante des artisans de Guinée.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 15/02/2017 à 16h02