«NoSportives», un média dédié à la promotion du sport féminin, mais pas que...

VidéoLancé il y a bientôt deux ans, le média «Nosportives.com» ambitionne de faire non seulement la promotion du sport féminin, mais aussi, au-delà, permettre à d'anciennes sportives de pouvoir embrasser le métier de journaliste. Le coordinateur du projet, Saa Alou Yombouno, explique.

Le 04/09/2022 à 10h11, mis à jour le 04/09/2022 à 14h13

Le360 Afrique: Présentez-nous le média «Nosportives.com».

Saa Alou Yombouno: Nosportives.com est un site d'information que nous avons mis en place pour donner plus de visibilité au football féminin. En Guinée, tout comme dans la plupart des pays en Afrique, le football féminin n'est pas tellement mis en lumière, et pourtant, il y a de nombreuses activités qui se tiennent, il y a des jeunes filles qui se battent et qui parviennent à faire des exploits, mais qui, malheureusement, ne sont pas vues par le public. Donc, nous avons jugé nécessaire en Guinée de créer un site spécialement dédié au sport féminin pour donner plus de visibilité aux différentes disciplines sportives pratiquées ici.

Maintenant, il y a un autre volet qui nous intéresse: la reconversion des sportives. En Guinée par exemple, quand une femme ou une jeune fille décide de faire du sport son métier, elle est un peu mal vue et il y a des gens qui commencent à la décourager: «ça ne va rien te rapporter», «voyons, tu es fille», «tu es faite pour le foyer ou la cuisine», etc. Elle va s'entêter et finira par abandonner non seulement ses études et tous ce qu'elle avait comme activité et se consacrer au football. Malheureusement, avec la politique du sport féminin qui ne marche pas dans notre pays, ces filles vont se retrouver, après leurs carrières, au chômage à attendre un mari qui prendra soin d'elle.

Nous voudrions créer à travers ce projet une stratégie qui permette à ces femmes de se reconvertir. Donc nous allons, à la fin de leur carrière, leur donner une formation liée au journalisme qui leur permettra de gagner leur vie. Nous les formerons au montage vidéo, à l'infographie, bref, tout ce qui est relatif au journalisme. On va leur apprendre petit à petit afin qu'elles soient heureuses à la fin de leurs carrières, voilà l'objectif que nous visons à travers ce projet que nous avons conçu il y a de cela un an. Et ça va très bien pour le moment, les activités marchent bien.

Rencontrez-vous déjà des difficultés ?

Il y a forcément des difficultés, surtout la rétention de l'information, car certains ne veulent pas parler. En plus, certaines autorités vous font trainer longtemps pour des procédures. Et cette rétention de l'information fait que nous ne pouvons pas parfois aller en profondeur dans les enquêtes que nous menons. Une autre difficulté concerne l'aspect financier. Nous évoluons à travers nos cotisations, et nous attendons encore les premiers sponsors et les premiers partenaires. Mais ces dernières difficultés ne sont pas aussi graves que la rétention de l'information, car notre souci majeur, c'est de donner l'information concernant le football féminin, surtout les enquêtes.

Comment ce projet a-t-il été accueilli ?

Il est bien accueilli, parce qu'un tel projet n'existe presque pas dans le paysage médiatique de la Guinée. Il y a des sites d'information sportive. Beaucoup. Lorsque vous allez pour faire des recherches sur le sport en Guinée, vous allez trouver plusieurs sites qui en parlent, mais spécifiquement sur le foot féminin, je pense qu'il n'y en a pas. Et s'il y en, a peut-être que nous sommes les premiers à avoir mis en place le projet et d'autres ont suivi. Donc pour le moment, le média est bien vu par les confrères. Beaucoup apprécient les publications que nous faisons.

Quel est votre vœu pour ce projet ?

Mon souhait le plus ardent, c'est de voir le média grandir, couvrir toute l'Afrique. Ce n'est pas qu'en Guinée qu'on veut être présent, nous voulons aller au-delà de nos frontières, parce que l'Afrique a presque les mêmes réalités. Ce que nous vivons en Guinée, c'est ce que les Maliens et les Sénégalais vivent, ou encore les Algériens et les Marocains, et ainsi de suite. L'Afrique ce sont les mêmes réalités, les mêmes difficultés dans le football féminin, nous avons les mêmes visions, les mêmes regards sur le football féminin. Alors, c'est à nous de donner une visibilité au sport féminin en Afrique.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 04/09/2022 à 10h11, mis à jour le 04/09/2022 à 14h13