Les observateurs électoraux de l’UE pas très tendres avec la CENI

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Le 11/02/2016 à 08h14

La Mission d’observation électorale de l’Union européenne a affirmé, ce vendredi 5 février, que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) était moins préparée pour organiser l’élection présidentielle à la date du 11 octobre 2015.

Les observateurs électoraux de l’Union européenne ont publié ce vendredi leur rapport final sur l’observation du scrutin d’octobre dernier.S’agissant de la campagne électorale, ils indiquent que celle-ci s’est déroulée du 10 septembre au 9 octobre dans une atmosphère morose et dans un contexte tendu. Cette campagne, selon eux, a été largement «ominée» par le parti au pouvoir grâce à des moyens matériels et logistiques importants.Frank Engel, chef de la MOE-UE, a dit à la presse que plusieurs incidents s’étaient produits, provoquant la mort d’au moins treize personnes et plus d’une centaine de blessés.Dans le document de 62 pages, la MOE-UE souligne que le jour du scrutin a été caractérisé par d’énormes difficultés logistiques et organisationnelles. Ce qui confirme, selon Frank Engel, «la préparation insuffisante de la CENI en vue des opérations du vote».Le rapport révèle également que la grande majorité des bureaux de vote observés à travers le pays a ouvert en retard, créant une atmosphère d’agitation. En outre, il indique que les opérations de clôture des bureaux ont été émaillées de quelques insuffisances.En ce qui concerne la compilation des résultats, les 73 observateurs de l’Union européenne déployés en Guinée affirment avec insistance dans leur rapport avoir noté «d’importantes difficultés logistiques et organisationnelles, confirmant la préparation insuffisante de la CENI».Pour rappel, les résultats définitifs proclamés par la Cour constitutionnelle ont donné vainqueur le président sortant, avec 57,84% des suffrages exprimés, contre 31,45% pour son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, dès le premier tour. Dans ce cadre, la Cour constitutionnelle avait jugé "irrecevables" les recours portés par sept des huit candidats en lice. Aux yeux de la MOE-UE, il s’agit d’une interprétation à la lisière entre le droit et la politique qui ne garantit pas le droit au recours effectif des candidats au scrutin.Par ailleurs, les observateurs de l’Union européenne relèvent un taux de participation élevé et un taux de bulletins nuls faible dans la région de Kankan, fief du RPG Arc-en-ciel du président Alpha Condé.Même si elle estime que l’ampleur des insuffisances n’entache pas la régularité du vote, la Mission d’observation électorale de l’UE recommande la correction des «nombreuses défaillances constatées sur le plan logistique». Pour ce faire, elle préconise une planification rigoureuse des préparatifs électoraux.Elle recommande ainsi que les procédures de vote ne soient pas modifiées en dernière minute comme cela a été le cas le jour du scrutin. La CENI avait, en effet, publié sept communiqués de presse, invitant les électeurs à prendre certaines dispositions.Elle souhaite aussi l’élargissement des conditions de candidatures à l’élection présidentielle afin de garantir le droit des citoyens à se porter candidats. En effet, l’actuelle Constitution ne prévoie pas les candidatures indépendantes.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 11/02/2016 à 08h14