En invitant les guinéens désireux de connaître son intention après son second et dernier mandat, qui court jusqu’en décembre 2020, le Chef de l’Etat a lancé le débat qui passionne sur le continent: la révision constitutionnelle.Le 15 mai, alors qu’il répondait à une question relative à ses relations avec certains homologues qui suscitent la controverse pour avoir tripatouillé leur constitution, le président Condé a dit collaborer avec ces présidents dans le but de tirer profit de leur expérience. «Je n’ai aucun complexe à collaborer avec le président Kagamé ou avec d’autres. Je ne rentre pas dans ces débats pour savoir s’il est démocrate ou pas. C’est son problème avec son peuple. Mais s’il a une bonne expérience, je tire les leçons de son expérience, pour faire avancer mon pays», a-t-il affirmé.Dans son argumentaire, il a dit ne pas vouloir rentrer dans les débats liés aux limitations de mandats. Une décision qui, selon lui, revenait au peuple. «C’est vous qui vous préoccupez de Cela. Moi j’ai un programme, je suis réélu pour 5 ans, j’applique d’abord mon programme pour satisfaire le peuple de Guinée», a-t-il entamé. «Il y en a qui s’agitent. Qui sera vivant en 2020 qui ne le sera pas. Qui est bon Dieu ?».Mauvaise interprétation ou pas, toujours est-il que la polémique enfle. Les opposants à un changement constitutionnel estiment que ces phrases sont ambigües. Et qu’il devait clairement réaffirmer sa volonté de partir à la fin de son second quinquennat.Pour le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, ces propos du président prouvent à suffisance que l’opposant historique devenu président commence à «glisser».En s’exprimant mardi sur ce sujet qui alimente les débats dans les cafés à Conakry, l’ancien Premier ministre a fait état de sa crainte de voir une possible modification de la constitution ouvrir une nouvelle page de transition pour le pays. «Les guinéens ne veulent pas que leur constitution soit modifiée», a prévenu Diallo.L’opposant a invité le président de la République à assumer la responsabilité de sa décision. «J’espère qu’Alpha Condé fera le bon choix pour la démocratie et pour lui-même», a-t-il mis en garde.Sur le site d’informations guineenews.org, l’ambassadeur américain Dennis Hankins a estimé pour sa part que ce débat était prématuré. «Le président n’a fait que 4 mois seulement de son second mandat. Il a plus de 4 ans et demi devant lui. Donc c’est un peu trop tôt de parler de changement de constitution», a dit le diplomate, cité par le journal en ligne.
Le 18/05/2016 à 17h57