Guinée: l'opposition dans la rue ce lundi, plusieurs de ses membres arrêtés

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Le 14/10/2019 à 08h52, mis à jour le 14/10/2019 à 08h55

Les opposants à un troisième mandat du président guinéen Alpha Condé doivent se mobiliser ce lundi 14 octobre dans un climat très tendu, alors que certains d’entre eux, accusés par la justice de nuire à la «sécurité publique», ont été interpellés dimanche pour la deuxième journée consécutive.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition rassemblant des partis d’opposition, des syndicats et des membres de la société civile, a appelé les Guinéens à « sortir dans la rue » ce lundi.

Constituée en avril, cette coalition milite avec virulence contre un projet de révision de la Constitution, évoqué par le pouvoir, qui permettrait à Alpha Condé, 81 ans, de se présenter fin 2020 pour un troisième mandat, alors que leur nombre est limité à deux dans cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest.

Des habitants de Conakry ont fait dimanche des provisions de nourriture, tandis que la police et la gendarmerie patrouillaient dans les rues de la capitale, a constaté un correspondant de l’AFP.

La police a procédé depuis samedi aux interpellations d’une vingtaine de membres de la société civile et de l’opposition, selon le FNDC.

Six responsables du Front ont d’abord été interpellés sans violence au domicile de leur coordinateur national, l’ancien ministre et dirigeant de la Plate-forme nationale des citoyens unis pour le développement (PCUD), Abdourahmane Sanoh, selon le FNDC. Ils ont été longuement entendus à la police judiciaire, selon leurs proches.

Craintes de débordements violents

Un responsable de l’Union des forces républicaines (UFR), l’un des principaux partis d’opposition, a indiqué à l’AFP qu’une « dizaine » de ses cadres et militants ont à leur tour été interpellés, sans ménagement, dimanche après-midi, dont Badra Koné, vice-maire de la commune de Matam, dans la banlieue de Conakry. Le directeur central de la police judiciaire, Abdoul Malik Koné, a indiqué à l’AFP avoir été « suspendu pour faute lourde » en début de journée, sans plus de détails. Selon une source proche du dossier, « il ne s’était pas montré très coopératif » pour interpeller son parent Badra Koné.

Alors que le pouvoir est resté silencieux tout le week-end, le procureur du tribunal de première instance de Dixinn, une commune de Conakry, Sidy Souleymane Ndiaye, a justifié ces opérations dimanche soir dans un communiqué.

Le procureur explique avoir été averti de « propos d’une gravité certaine contre la sécurité publique » tenus par les membres du FNDC et avoir dès lors ordonné à la police judiciaire de « procéder à l’interpellation de toutes les personnes ayant entrepris des manœuvres ou des actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles graves à l’ordre public ».

Cette procédure « a déjà permis l’interpellation de plusieurs personnes qui seront, prochainement, déférées à mon parquet », a ajouté M. Ndiaye, sans préciser leur nombre.

Malgré les craintes de débordements violents de la part des forces de l’ordre, courants en Guinée, le FNDC a réitéré dimanche son « appel à une mobilisation sans précédent » contre « ceux qui s’acharnent à promouvoir une présidence à vie ». Le gouvernement a prévenu qu’il ne céderait « pas le moindre centimètre carré au règne de l’anarchie ».

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 14/10/2019 à 08h52, mis à jour le 14/10/2019 à 08h55