Les anciens présidents du Nigeria Goodluck Jonathan (2010-2015) et du Bénin Nicéphore Soglo (1991-1996) ont conduit la semaine passée une mission d‘évaluation en vue des élections législatives prévues en février 2020.
La Guinée est en proie depuis mi-octobre à l’agitation et aux manifestations contre le projet prêté au président Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, de briguer sa propre succession fin 2020 et de réviser à cette fin la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
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La mission commandée par le National Democratic Institute (NDI), ONG basée à Washington et oeuvrant aux pratiques démocratiques, et la fondation Kofi Annan établie à Genève avait pour objet d‘évaluer la situation et de formuler des recommandations pour éviter des violences électorales, selon ses organisateurs.
La communauté internationale s’inquiète du risque d’escalade dans un pays à l’histoire tourmentée, coutumier des protestations et des répressions brutales. Les protestations en cours depuis octobre ont été brutalement réprimées à plusieurs reprises. Au moins 20 civils ont été tués, ainsi qu’un gendarme. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.
La mission a rencontré les responsables du gouvernement, dont le président, de l’opposition, des partis et de la société civile.
“Manipulés” par NDI et la fondation Kofi Annan
Contre toute attente, la Radio Télévision Guinéenne a affirmé dans son journal samedi soir que le président Condé avait reçu ses deux ex-homologues avant leur départ et avait “exprimé sa surprise” de les voir en Guinée “sans aucune information officielle”.
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Les deux hommes ont formulé “leurs regrets et ont reconnu avoir été manipulés par NDI et la fondation Kofi Annan. Des excuses ont été présentées sur la démarche”, a dit la télévision nationale, proche du pouvoir.
Christopher Fomunyoh, un responsable du NDI et membre de la délégation joint par l’AFP, a refusé de commenter ces affirmations en invoquant son refus de détourner l’attention d’enjeux importants. Mais il assuré que la mission avait été conduite de “manière transparente, en coordination avec les autorités guinéennes”.
La mission avait publié ses recommandations vendredi. La première préconisait que le gouvernement clarifie ses positions sur la Constitution.
A 81 ans, M. Condé, ancien opposant historique qui fut le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires et militaires, entretient le flou sur ses intentions, mais a lancé en septembre des consultations sur la Constitution.
La fondation Kofi Annan n’a pas répondu aux questions de l’AFP.