Souleymane Condé et Youssouf Diabaté, membres du Front national pour la Défense de la Constitution (FNDC), en détention depuis quatre mois, ont également été condamnés à une amende de 20 millions de francs guinéens (1.600 euros) par le tribunal de Dixinn, un quartier de Conakry.
Lors de leur procès, le 30 décembre, le procureur avait réclamé une peine de cinq ans de prison et une amende de 300 millions de francs guinéens (24.000 euros, somme considérable en Guinée).
Mercredi, la juge Mbalou Keita a rendu son verdict lors d'une très courte audience, en présence des deux accusés et de quelques sympathisants de l'opposition.
"C'est un déni de justice, c'est une justice aux ordres. Nous avons, en accord avec nos clients, interjeté appel de cette décision", a déclaré à l'AFP l'un des avocats des prévenus, Salifou Béavogui.
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Lundi, lors d'un autre procès, le Parquet a réclamé un an de prison ferme contre une autre figure de l'opposition, Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, jugé pour trouble à l'ordre public. Le jugement est attendu jeudi.
Le FNDC, coalition de partis, de syndicats et d'organisations de la société civile, a mobilisé pendant des mois contre un troisième mandat controversé du président Condé.
Ancien opposant historique élu en 2010 et réélu en 2015, Alpha Condé a fait adopter en mars 2020 une nouvelle Constitution. Celle-ci a maintenu la limitation à deux mandats présidentiels mais son adoption a remis le compteur présidentiel de M. Condé à zéro, lui permettant de se représenter.
La contestation, plusieurs fois brutalement réprimée, a fait des dizaines de morts. M. Condé, 82 ans, a néanmoins été proclamé vainqueur dès le premier tour de la présidentielle du 18 octobre.
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Souleymane Condé, Youssouf Diabaté, mais aussi Roger Bamba, membre du principal parti d'opposition, avaient été arrêtés en septembre, dans un climat de tension préélectorale.
M. Bamba est mort en détention mi-décembre. Le gouvernement invoque la maladie, sa famille parle d'empoisonnement et de "crime d'Etat".
Le procureur leur reprochait d'avoir appelé à l'arrestation d'Alpha Condé et d'avoir accusé le pouvoir d'assassiner des enfants, estimant que ces faits relevaient de "l'incitation à la révolte et à la déstabilisation du pays". Les prévenus se sont défendus d'avoir tenu de tels propos.
Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent régulièrement les atteintes aux droits humains commises selon elles par les autorités guinéennes. Ces dernières les accusent de parti pris.