Guinée: Cellou Diallo s'oppose à des sanctions africaines après un putsch "bienvenu"

Cellou Dalein Diallo, président de l'UFDG et chef de file de l'opposition guinéenne.

Cellou Dalein Diallo, président de l'UFDG et chef de file de l'opposition guinéenne. . DR

Le 12/09/2021 à 07h56, mis à jour le 12/09/2021 à 07h58

Le chef de file de l'opposition au président guinéen Alpha Condé, renversé par les militaires, a déclaré samedi que la Communauté des Etats ouest-Africains ne devait pas imposer de sanctions économiques à son pays après le putsch, une opération "bienvenue" faute d'autre recours.

Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre (2004-2006) et candidat malheureux aux présidentielles de 2010, 2015 et 2020 contre Condé, a aussi estimé dans un entretien avec l'AFP que les organisations africaines avaient perdu trop de crédibilité dans les contextes malien et tchadien pour enpêcher le chef des putschistes de diriger une période de transition. Alpha Condé a été déposé le 5 septembre par un coup d'Etat mené par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya.

Les militaires ont dissous les institutions et aboli la Constitution qu'avait fait adopter Condé en 2020 et qu'il avait invoquée pour se présenter à un troisième mandat, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang.

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a suspendu la Guinée de ses organes mercredi, exigeant la libération de Condé et le "retour immédiat à l'ordre constitutionnel". Elle s'est gardée de sanctions économiques, adoptées en août 2020 après le putsch chez le voisin malien, en attendant le rapport d'une mission dépêchée en Guinée vendredi.

Diallo s'est dit opposé à des sanctions ouest-africaines. "L'implication de l'armée pour mettre fin à un mandat illégal et illégitime était pour moi une décision bienvenue. La junte ne mérite pas d'être sanctionnée parce qu'elle a mis fin à une situation de non-droit", a dit Diallo.

Diallo dit avoir gagné la présidentielle, mais avoir été spolié de sa victoire par la tricherie. "Il n'y avait plus, pratiquement, de recours", a-t-il dit.

"Si vraiment (la junte) s'engage résolument à aller vers l'ordre constitutionnel en organisant des élections libres et transparentes dans un délai raisonnable, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de la sanctionner", a-t-il déclaré.

Les militaires ont promis une concertation en vue d'une "transition" politique et la formation d'un gouvernement d'union. Au Mali, la Cédéao s'était initialement opposée à ce que la transition soit dirigée par un militaire et avait imposé la nomination d'un civil.

Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a mené un nouveau coup d'Etat en mai pour s'imposer comme le président de la transition. Au Tchad, au lendemain de la mort du maréchal Idriss Déby Itno le 20 avril, une junte emmenée par son fils a annoncé prendre le pouvoir.

Diallo a dit n'avoir "pas d'objection à ce que le colonel Doumbouya puisse diriger la transition avec la société civile". "Depuis l'exception tchadienne et malienne, l'Union africaine et la Cédéao (...) se sont décrédibilisées fortement. C'est très difficile de vouloir imposer au colonel Doumbouya un président civil, mais ce serait souhaitable que le Premier ministre soit un civil", a-t-il dit.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 12/09/2021 à 07h56, mis à jour le 12/09/2021 à 07h58