Les victimes du massacre de 2009 indignés après la nomination du gouverneur de Conakry

Le général Mathurin Bangoura nommé gouverneur de Conakry.

Le général Mathurin Bangoura nommé gouverneur de Conakry. . DR

Le 16/03/2016 à 19h12

La nomination lundi en début de semaine par décret présidentiel du général de brigade Mathurin Bangoura comme gouverneur de la ville de Conakry suscite une vive indignation au sein de l'Association des Victimes, Parents et Amis (AVIPA) de la répression du 28 septembre 2009.

Le président Alpha Condé a nommé le lundi 14 mars courant, le général Mathurin Bangoura, au poste de gouverneur de la capitale guinéenne.Cet officier de la gendarmerie, faut-il le rappeler, était membre du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), la junte militaire qui s'est accaparé le pouvoir en 2008 après la mort du président Lansana Conté.Sous cette junte dirigée alors par le volubile capitaine Moussa Dadis Camara, une manifestation de l'opposition est réprimée violemment le 28 septembre 2009 dans le principal stade de Conakry. Le bilan de cette violence inouïe, établi par une enquête de la communauté internationale, fait état de plus de 150 morts, plusieurs centaines de blessés et de nombreux cas de viols.Depuis, une enquête menée par un pool de juges guinéens a abouti à l'inculpation de 13 personnes proches de la junte militaire y compris le général Bangoura, ministre des Postes et télécommunications au moment des faits. Remercié du gouvernement en 2012, l'homme s'était reconverti en sport et présidait le Club industriel de Kamsar, une équipe de première division de football en Guinée.Pour AVIPA, une association des victimes constituée après cette répression, le retour de cet ancien dignitaire du CNDD aux affaires augure de mauvaises perspectives pour un procès rapide, juste et équitable. Au site d'informations générales guineenews.org, Asmaou Diallo, la présidente de cette association, n'a pas caché son désenchantement. Citée par le journal en ligne, elle estime que la désignation du général Bangoura au très stratégique poste de Gouverneur de Conakry traduit un manque de volonté des autorités de faire la lumière dans ce dossier.«On était optimiste quant à l’annonce de l’ouverture du procès cette année, mais à voir les inculpés revenir aux commandes, on devient de plus en plus sceptique», deplore-t-elle. «A mon avis, il y a vraiment une absence de volonté politique effective dans cette affaire».Rappelons que dans le cadre de ce dossier le ministre de la Justice et Garde des sceaux a annoncé un procès d'ici à la fin de l'année.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 16/03/2016 à 19h12