Malaise au sommet de l'Etat guinéen après la diffusion d'une vidéo de torture

VidéoLa diffusion en Guinée d'une vidéo montrant une scène de torture d’un présumé bandit par les forces de sécurité suscite de l'indignation jusqu'au sommet de l'Etat. Une enquête vient d'être officiellement ouverte pour mettre le grappin sur les agents indélicats.

Le 25/04/2016 à 18h26, mis à jour le 28/04/2016 à 10h29

Le gouvernement guinéen a annoncé dimanche l'ouverture d'une enquête judiciaire suite à la diffusion d’une vidéo relative à une seance de torture infligée à un présumé bandit par la gendarmerie.On ignore pour le moment l'identité de la victime. Mais la vidéo de 4 minutes, filmée à l’aide d’un téléphone portable apparemment camouflé, montre le présumé bandit subir un interrogatoire musclé, suspendu sur une barre de fer, les mains et les pieds ligotés.On entend la victime supplier ses ravisseurs de lui laisser la vie sauve. Ces derniers, dirigés par «un commandant», sans doute ignorant que la scène est filmée, n'y cachent pas leur détermination à lui faire avouer son crime quitte à administrer du piment sur ses parties intimes.La date à laquelle la vidéo a été prise n'est pas connue pour l'instant. Mais on y identifie clairement la victime et les agents auteurs de la torture. Sa diffusion sur les réseaux sociaux la semaine dernière a provoqué de l'indignation au sein de l'opinion, confortant dans leur thèse ceux qui soutiennent que la torture est la technique d'interrogatoire la plus prisée par les forces de défense et de sécurité en Guinée.En devançant pour la première fois les organisations de défense des droits de l'homme, le gouvernement a condamné dimanche 24 avril des «actes odieux et barbare».La police a reçu l’ordre de mener une enquête impartiale sur ce traitement cruel, inhumain et dégradant effectué par des éléments d’une Brigade anti-criminalité (BAC), unité d’intervention relevant de la gendarmerie, afin de situer les responsabilités.«Le Gouvernement de la République de Guinée, garante des libertés et de l’Etat de droit, rappelle que si ces faits sont avérés, cela constituerait une violation grave des droits humains et les auteurs seront poursuivis et sanctionnés conformément à la loi», conclut le communiqué gouvernemental.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 25/04/2016 à 18h26, mis à jour le 28/04/2016 à 10h29