Violences de Mali (Guinée): la justice ouvre une enquête contre des militaires

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Le 21/06/2016 à 17h19

Le Parquet général près la Cour d’appel de Conakry a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire contre certains militaires du bataillon d’infanterie de la ville de Mali, une cité guinéenne située à 550 km de Conakry. Il leur est reproché diverses infractions.

Les évènements de Mali, ville guinéenne située à 500 km de Conakry ne resteront pas sans suite.

D’après le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Moundjour Chérif, ces militaires sont sous le coup d’une enquête pour diverses infractions parmi lesquelles figurent : «coups et blessures volontaires, pillage, vol, incendie volontaire».Les faits qui leur sont reprochés commencent le 17 juin à Mali, lorsque des éléments du camp d’infanterie militaire passent à tabac un conducteur de camion. Les agents auraient reçu l’ordre de leur commandant, un certain colonel Issa Camara, connu pour ses excès, et qui n’hésitait pas à brandir le coran en 2009, sous la junte militaire, pour trancher des litiges entre citoyens.Durant deux jours, du vendredi 17 au samedi 18 juin, des manifestants s’en prennent aux domiciles de certains militaires pour protester contre leur méthode de correction.En signe de représailles, les hommes en tenue répliquent. Plusieurs sources dénombrent une vingtaine de blessés dont cinq, au moins, par balles réelles.Dans sa version des faits, le volubile commandant du camp, a justifié la correction administrée au conducteur par le fait qu’il était un gamin de 15 ans qui effectuait des manœuvres dangereuses dans un endroit à grande affluence. Et qui pouvait ainsi commettre des crimes contre l’humanité. «Mes hommes lui ont donné 20 coups sur les fesses et il est remonté dans son véhicule sans avoir été blessé», a-t-il relaté, ajoutant que la mesure disciplinaire visait à le dissuader.Toutefois, selon d’autres version, Issa Camara, commandant de la caserne militaire, a croisé le conducteur de camion et face à la lenteur de celui-ci pour céder le passage, il aurait ordonné à ses hommes de corriger le coupable.Les ordres ont été exécutés aussitôt et avec brutalité rare poussant les populations à se soulever en demandant son départ. Une aubaine pour les militaires qui ont commis diverses infractions à l’encontre de la population et des commerçants de la ville. La Ligue guinéenne des droits de l’Homme a fait état de «terreur» et «d’exactions» dans la ville de Mali. Invitant le gouvernement et la justice à saisir l’occasion pour démontrer que le règne de l'impunité est désormais révolu pour les hommes en uniformes en Guinée. L’organisation non-gouvernementale de défense des droits humains, a appelé à l'ouverture immédiate d'une enquête pour arrêter les auteurs.Dans sa déclaration hier lundi, le procureur général près la Cour d’appel de Conakry a assuré que les enquêtes qui ont été immédiatement entreprises permettront de mettre le grappin sur les responsables de ces violences.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 21/06/2016 à 17h19