Alpha Condé compte déterrer l'histoire sombre de la Guinée

Sékou Touré, premier président de la Guinée.

Sékou Touré, premier président de la Guinée.. DR

Le 30/06/2016 à 07h43

Le président Alpha Condé a annoncé mercredi avoir invité les Nations-Unies à aider son pays à découvrir les corps enterrés dans les fosses communes disséminées à travers le pays. Une requête qui s’inscrit dans le cadre de la recherche des modalités de la réconciliation nationale.

«J’ai contacté les Nations-Unies pour qu’elles nous accompagnent afin qu’on découvre les charniers et qu’on puisse faire les sépultures correctes». Ces propos sont du président guinéen, Alpha Condé, qui s’exprimait ce mercredi 29 juin, à l’occasion de la remise officielle des conclusions de la Commission provisoire de réflexion sur la réconciliation nationale (CPRN).

«Pour pardonner, il faut que vous ayez la conscience tranquille. Nous devons exhumer les charniers», a-t-il dit, précisant que c’est par cela que les familles peuvent aussi pardonner.Créée en 2011, la CPRN avait pour mission de trouver un modèle de réconciliation qui sied à la situation de la Guinée, caractérisée par de nombreux massacres, des violations des droits de l’homme depuis son indépendance en 1958.

Coprésidée par l’Archevêque et le Grand imam de la Grande mosquée Fayçal de Conakry, cette commission a mené des consultations qui ont touché plus de 9000 personnes, y compris ceux de la diaspora.Dans son rapport de 300 pages remis aujourd’hui à Alpha Condé, elle a particulièrement recommandé la mise en place d’une «Commission Vérité». Cette dernière devra prendre en compte les violations comme assassinat, arrestation et détention arbitraire, viols, spoliation des biens et des propriétés, commises de 1958 à 2015.«Ne nous leurrons pas. La Guinée a besoin de vérité, de justice, de réparations et de réformes institutionnelles profondes pour assurer un développement serein au service des générations futures», a déclaré le co-président Monsieur Vincent Coulibaly.

En recevant le document, le président Condé a dit ne pas vouloir privilégier un crime sur un autre.Du camp Boiro, sous le régime de Sékou Touré (1958-1984), qui servait de prison politique et de centre de tortures, en passant par des séries de répressions contre des opposants en 1985, 2007 et 2009, il a dit sa détermination d’enclencher un processus qui les prendra tous en compte.«Si on veut que les Guinéens se réconcilient, il faut qu’on ait le courage d’aller se dire la vérité sur tout notre passé», a-t-il dit.

Il a promis de prendre connaissance des recommandations, d’en discuter avec les sages et les partenaires, avant de décider de la création de l’organe de réconciliation qui colle le mieux au cas guinéen.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 30/06/2016 à 07h43