Condamnations pour détournement de fonds liés à Ebola

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Le 04/07/2016 à 17h39

Un tribunal de Conakry a condamné lundi deux fonctionnaires pour «détournement» de fonds destinés à la lutte contre Ebola. Premier du genre depuis l’irruption de l’épidémie en Guinée en 2014, cette condamnation vient conforter ceux qui pensaient à l’existence de «l’Ebola business» dans le pays.

Les deux personnes condamnées aujourd’hui relèvent respectivement de la Coordination nationale de lutte contre Ebola et le ministère de la Santé publique.Ils étaient accusés par la Fédération des guérisseurs traditionnels de Guinée d’avoir utilisé à d’autres fins, un financement de 529 millions de francs guinéens (environ 72.000 dollars) destiné à les former sur la prévention du virus.Même s’ils ont toujours clamé avoir utilisé les fonds à bon escient, le tribunal de première instance de Mafanco (banlieue de Conakry), a condamné Abdoulaye Sadio Fofana, membre de la cellule communication de la Coordination nationale de lutte contre Ebola a un an de prison avec sursis et au paiement de 200.000 francs guinéens d’amende pour «détournement».Son co-accusé, Ernest Pakilé Guèma, directeur national de la médecine traditionnelle au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, a quant à lui été reconnu coupable de «complicité de détournement». Il a écopé de deux ans de prison ferme.Sur l’action civile, le tribunal a condamné solidairement les deux hommes au paiement de 80 millions de francs guinéens, soit 10.800 dollars, pour tous préjudices confondus.Le Procureur de la République avait requis dix-huit mois de prison ferme contre le principal accusé et cinq ans de prison contre le fonctionnaire du ministère de la Santé.Il estimait que la procédure régulière de financement n'avait pas été respectée en dépit de la validation et du financement du projet par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).Ce verdict est l’épilogue d’un procès qui a démarré depuis plusieurs semaines. Il vient conforter, dans leur position, les nombreux observateurs en Guinée qui pensent à l’existence de malversations financières pendant la lutte contre la fièvre Ebola.

Les avocats de la défense ont promis de faire appel.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 04/07/2016 à 17h39