Lancement d’une campagne «vacances sans excision» en Guinée

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Le 04/08/2016 à 13h32

Les autorités guinéennes et les Nations-Unies ont lancé mercredi une campagne nationale de sensibilisation contre les mutilations génitales féminines. Intitulée «Engageons-nous pour des vacances sans excisions», elle vise à infléchir la courbe ascendante du taux de l’excision pendant les vacances.

La campagne de sensibilisation lancée hier mercredi s’adresse surtout aux parents d’élèves et aux sages-femmes qui ont tendance ces dernières années à «médicaliser» la pratique de l’excision.

A l’occasion de son lancement officiel, le gouvernement guinéen a exprimé sa détermination à œuvrer pour que le taux de prévalence des mutilations génitales féminines en Guinée, qui reste le plus élevé d’Afrique de l’ouest, et le deuxième en Afrique derrière la Somalie, chute dans les prochaines années.

Cette campagne se déroule, faut-il le souligner, sur la base des statistiques de l’enquête démographique de la santé, réalisée en 2012. Ces résultats montrent une prévalence de 96,9% chez les filles et femmes de 15 à 49 ans, et 97% pour les filles de la tranche d’âge de 0 à 15 ans.

Afin d’inverser la tendance, la série de sensibilisations se déroulera sous le sceau de messages uniformes mettant en valeur les enjeux, notamment culturels. «Elle insistera ensuite sur l’importance de la préservation de l’intégrité physique de la jeune fille», a fait remarquer la ministre de l’Action sociale, Sanaba Kaba.

Tout au long des vacances scolaires, il sera question pour les acteurs impliqués dans cette lutte d’initier des plaidoiries, des sensibilisations et des mobilisations communautaires sur les questions liées à l’excision afin d’obtenir un changement de comportement.

Cet engagement des autorités guinéennes et des ONG nationales est soutenu et accompagné par le Système des Nations-Unies, les représentations diplomatiques à Conakry et les leaders religieux.

Il faut rappeler que l’excision est une pratique interdite en Guinée depuis 1965. Mais en dépit de cette interdiction, elle reste une pratique très répandue.

Des chiffres alarmants publiés en avril par les Nations-Unies révélaient qu’au moins 7 filles sur 10, âgées de 20 à 24 ans, ont subi cette pratique avant leur dixième anniversaire.

Le Premier ministre Mamady Youla, qui a officiellement lancé la campagne «Engageons-nous pour des vacances sans excisions», a appelé à une coordination des actions pour l’éradication des mutilations génitales féminines.

Le chef du gouvernement a sollicité l’implication de toutes les composantes sociales, y compris les parents des enfants, en vue d’une transformation positive d’une norme sociale séculaire qui n’a plus sa raison d’être.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 04/08/2016 à 13h32