Les commerçants guinéens s’invitent dans le débat politique

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Le 09/08/2016 à 15h27

Généralement parmi les grands perdants des manifestations à caractère politique en Guinée, les opérateurs économiques viennent de prendre le devant des choses. Ils invitent d’abord le pouvoir et l’opposition à une cessation de l’escalade verbale. Puis à reprendre le chemin du dialogue.

Le Groupe des hommes d’affaires organisés (GOHA), une des plus importantes organisations regroupant des commerçants en Guinée, s’est invité mardi dans le débat politique en appelant les acteurs politiques à renouer avec le dialogue.

Dans une déclaration publiée ce mardi, le président de ce groupe, Mohamed Chérif Abdallah, a appelé chaque partie à calmer le jeu et à reprendre langue, seules solutions à même d’éviter des confrontations politiques «préjudiciables» à l’ambition de faire de la Guinée un pays émergent.

En Guinée, le Groupe des hommes d’affaires organisés revendique plusieurs milliers d’adhérents.

Pour cette organisation, qui dispose de nombreuses antennes à l’intérieur du pays et à l’étranger, le maintien d’un climat apaisé mettra les investisseurs en confiance et drainera d’importantes opérations économiques vers le pays.

Le GOHA lance cet appel alors que l’opposition planifie une manifestation géante à Conakry le 16 août prochain pour protester contre la conduite des affaires par le gouvernement et réclamer un processus électoral transparent et inclusif.

Si les hommes d’affaires reconnaissent dans leur déclaration le caractère constitutionnel des manifestations et marches politiques en Guinée, ils pointent cependant du doigt l’incapacité de l’Etat à protéger les biens et les personnes à l’occasion de ces manifestations, et la mauvaise foi des protagonistes (opposition et pouvoir) à «prendre du recul et à s’accepter à travers le respect des principes démocratiques et des droits consacrés».

Il faut souligner que la plupart des manifestations politiques organisées à Conakry ces dernières années ont été émaillées de pillages de boutiques dans les principaux marchés de la capitale guinéenne. Les forces de l’ordre et les manifestants de l’opposition se sont toujours jetés la responsabilité de ces actes de vandalisme.

Selon le GOHA, 589 commerçants ont enregistré une perte évaluée à 129 milliards de francs guinéens dans les violences pré-électorales de l’année dernière à Conakry et à l’intérieur du pays. Des chiffres difficiles à vérifier.

Dans sa déclaration de ce mardi, l’organisation rappelle n’avoir toujours pas oublié cette perte. «Le GOHA interpelle les acteurs politiques à renouer avec le dialogue et à inscrire le remboursement des opérateurs économiques victimes de pillages», a rappelé son président Mohamed Chérif Abdallah.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 09/08/2016 à 15h27