Guinée: elle "sauve l'honneur" de la famille en épousant le fiancé de sa soeur

DR

Le 23/03/2017 à 18h06, mis à jour le 24/03/2017 à 13h46

A Cosa, un quartier de la banlieue de Conakry, une jeune fille a décidé de se marier avec l'homme refusé à la dernière minute par sa grande soeur. Elle a ainsi évité un clash entre les deux belles familles, mais surtout sauver l'honneur de la sienne.

Ce mariage un peu spécial s'est tenu le weekend dernier, et a été révélé pour la première fois par Guineematin, un site d'information local. Kadiatou Diallo a décidé de remplacer sa soeur Djénabou Diallo qui a pris la fuite à quelques heures de la cérémonie de son mariage avec Abdoulaye Bah. 

Dépité par l'acte de l'élue de son coeur, Abdoulaye Bah a accepté sans réfléchir à la substitution de dernière minute. C'est surtout les parents de Kadiatou Diallo qui ont été fiers de leur fille. Très angoissés par le comportement de la grande soeur, ils se sont vu éviter la honte grâce à la petite soeur. 

Mais pourquoi Djénabou Diallo a disparu ? Selon des témoins du mariage avorté (du moins celui avec Djénabou), la fiancée n'a pas reçu de son prétendant — un étudiant diplômé sans emploi — tous les biens de la dot qu'il lui avait promis pour le jour spécial. Et c'est ce qui pourrait l'amener à décider de se cacher une fois arrivée au salon de coiffure. Au salon de coiffure, Djénabou Diallo a disparu et a éteint son téléphone. Elle est restée injoignable sur tous ses numéros de téléphone, même après le mariage entre sa soeur et son ex-fiancé.

Les trois acteurs principaux de ce mariage sont tous issus de la communauté peule de Guinée. Et pour cette dernière, comme d'ailleurs pour toutes les autres du pays, le mariage de deux personnes est aussi (voire surtout) une affaire de famille. Refuser une union prête à être scellée est souvent considéré comme un affront pour les proches des deux fiancés. Dans le passé, les parents de la fiancée se chargeaient de proposer une femme de rechange pour éviter un clash. Une coutume révolue. "Depuis longtemps, les parents n'arrivent plus à imposer le mariage à leurs enfants, à plus forte raison imposer un mariage auquel ils ne sont pas préparés. La faute à la modernité", explique Amadou Sylla, sociologue. Kadiatou est donc considérée comme une fille spéciale. A la phase religieuse de la cérémonie de mariage, l'imam a demandé à tous de prononcer des bénédictions pour elle.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 23/03/2017 à 18h06, mis à jour le 24/03/2017 à 13h46