Guinée: pas de liberté provisoire pour les présumés auteurs du détournement de fonds à la Banque centrale

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Le 16/06/2017 à 10h27

Les prévenus dans l'affaire du détournement de l'équivalent de 260.000 dollars à la Banque centrale de Guinée vont rester en prison jusqu'à la fin de leur procès. Mercredi, leur nouvelle demande de mise en liberté provisoire a été rejetée par le tribunal de première instance de Kaloum.

La semaine dernière, le procureur avait estimé que les aveux faits par les prévenus ne permettaient pas une liberté provisoire. Madame Keita Kadiatou Baldé -présumé cerveau de ce détournement- avait en effet avoué sans ambages le détournement de 150.000 dollars et 100.000 euros.

Mercredi, avant le rejet de la demande de mise en liberté provisoire formulée par les avocats de la défense, deux des prévenus ont dû reprendre leurs explications interrompues la semaine dernière. Younoussa Soumah, agent de la Banque centrale de Guinée, a réitéré avoir reçu 45.000 dollars et 30.000 euros des mains du présumé complice Ibrahima Sory Sylla, opérateur de saisie au Trésor public.

Mais, cette fois-ci, l'agent a indiqué qu'il ne savait rien de l'origine de cette somme. Néanmoins, il s'était permis d'acheter une maison. Et, il dit avoir eu pour projet d'acheter des voitures pour les revendre, mais en avoir été dissuadé par son frère qui doutait de l'origine de cet argent.

Mais pourquoi accepter le don de si importantes sommes d'argent? A cette question du juge, Soumah dira qu'il a pensé que Sylla était juste content de lui pour son travail à la BCRG (Banque centrale de Guinée). "Après notre interpellation, j'ai même déposé 25.000 dollars de cette somme à l'ORDEF (Office de répression de la délinquance économique et financière). Quant aux 30.000 euros, j'avais déjà tout utilisé", a indiqué le prévenu.

A son tour, Oumar Bah de la direction du crédit et de change de la BCRG a reconnu avoir reçu de madame Keita Kadiatou Baldé les sommes de 20.000 dollars et 15.000 euros. Mais Oumar a estimé avoir été piégé par sa collègue. Quand il a reçu l'argent, il a cru recevoir une récompense de madame Keita. "Comme je lui avais fourni un certificat de douane, j'ai cru alors qu'un client lui avait donné de l'argent pour un travail et qu'ensuite elle avait pensé à moi", a-t-il dit.

Cependant, dans un document relatif à ce détournement figure la signature d'Oumar Bah. Bah affirme avoir signé ce document sans chercher à s'informer de son contenu.

Après l'audition des prévenus, le tribunal n'a pas jugé nécessaire d'écouter les témoins. L'affaire a donc été renvoyée à une quinzaine pour les plaidoiries et réquisitions, et peut-être pour la sentence du juge Chérif Sow.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 16/06/2017 à 10h27