Ce mardi, après plus de 24 heures de garde à vue, Elie Kamano et ses trois compagnons ont été déférés au tribunal de première instance de Mafanco pour attroupement non autorisé et incitation à la violence. Mais, 15 minutes après leur arrivée à la Maison d'arrêt de Conakry, ils ont été libérés. Que s'est-il alors passé ?
Selon Me Salif Béavogui, l'avocat du reggaeman, la décision de libérer les trois manifestants «serait venue du plus haut niveau». Sans quoi, nous a indiqué l'avocat, le procureur de la République de Mafanco, en banlieue de Conakry, tenait à ce que les quatre hommes soient jugés pour attroupement illégal sur la voie publique et incitation à la violence.
Elie Kamano, qui a appelé à marcher contre un éventuel troisième mandat d'Alpha Condé, a été cueilli lundi matin, au rond-point de la Tannerie, d'où devait partir la marche pacifique jusqu'au siège de l'Assemblée nationale. Les gendarmes l'ont conduit tout droit à la Direction de la Police Judiciaire où lui et ses compagnons ont passé la nuit de lundi et une bonne partie de la journée de mardi.
«Le droit de manifester est consacré par la constitution guinéenne. D'autant plus qu'il ne leur a jamais été notifié une interdiction de la manifestation de ce lundi 17 juillet. Ils méritaient donc d'être libérés puisque le dossier était vide», a affirmé l'avocat, Me Salif Béavogui, après la libération de ses clients.
La question d'un troisième mandat d'Alpha Condé attise le débat politique en Guinée, alors que l'intéressé ne s'est jamais prononcé en faveur d'une modification de la constitution en vue de se présenter en 2020. Mais en voulant organiser cette manifestation, Elie Kamano pensait dissuader les partisans d'Alpha Condé qui appellent à une modification de la constitution.
En six mois, c'est la deuxième arrestation d'Elie Kamano pour attroupement illégal. En février dernier, l'artiste avait été appréhendé pour avoir appelé à une manifestation pour la reprise des cours dans les écoles et universités du pays. Déféré devant le même tribunal de Mafanco, il avait bénéficié d'une liberté conditionnelle.