Guinée: l'Etat pourrait orienter tous les bacheliers de 2017 dans les universités publiques

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Le 11/08/2017 à 16h38

Entre l'Etat guinéen et les universités privées du pays, la crise de confiance pourrait entrainer l'orientation de tous les 23.656 nouveaux bacheliers dans les universités publiques.

Depuis près d'une décennie, l'Etat oriente une partie des bacheliers dans les universités privées. Mais une nouvelle donne se présente.

Le ministre de l'Enseignement pré-universitaire, Ibrahima Kalil Konaté a nié avoir dit que tous les bacheliers seront orientés dans les universités publiques. "Ces propos n'engagent que ceux qui les ont tenus... Ma mission se limite à l'organisation du baccalauréat. Après, les admis tombent dans le champ du ministère de l'Enseignement supérieur ", s'est expliqué Konaté.

Le ministre de l'Enseignement pré-universitaire ne devrait pas avoir du souci à se faire. Son homologue de l'Enseignement supérieur a laissé croire qu'il n'est pas exclu que tous les bacheliers soient orientés aux universités publiques. Cela paraît même très probable. "On a la capacité d'accueillir tout le monde, on a une grande capacité dans nos universités, nous allons nous réunir pour décider de la suite à donner", a indiqué mercredi le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Abdoulaye Yéro Baldé, au site Africaguinee.com.

Cette année, la Guinée a enregistré l'un de ses plus faibles taux de réussite au baccalauréat. Sur 87.125 candidats, 23.656 ont été admis, soit un taux de réussite global de 27,15%. Ce nombre d'admis pourrait donc permettre à l'Etat de se passer des universités privées.

Chaque année, après le plein des 19 universités publiques, les 39 universités privées du pays reçoivent quelque 40.000 bacheliers. Mais l'aide du privé a un prix. Annuellement, le pays doit débourser 104 milliards de francs guinéens (plus de 12 millions d'euros) aux universités privées pour la formation donnée à ses étudiants.

Sauf que la compétence de ces universités privées est mise en cause ces dernières années. Aussi, dans le cadre d'une réforme du système éducatif du pays, l'Etat a décelé quelque 32 mille cas fictifs dans ces universités privées. Mais les universités privées contestent ce chiffre et dans leur bras de fer avec le gouvernement, elles avaient même suspendu les cours.

La brouille entre la chambre représentative de l'enseignement supérieur privée (CRESUP) et le ministère de l'Enseignement supérieur part aussi du non-paiement par l'Etat des redevances de l'année universitaires 2013-2014. Il y a également la décision de l'Etat de supprimer dans ces universités privées, certaines disciplines comme la médecine.

Quoi qu'il advienne, une orientation de tous les bacheliers dans les universités publiques donnerait un coup sérieux au business de l'enseignement en Guinée. Chaque année, des universités privées poussent de terre, notamment à Conakry, avec dans leur mission d'attirer les bacheliers non orientés dans les universités publiques.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 11/08/2017 à 16h38