«Un tel procès ne demande pas seulement d’avoir de bons magistrats, il demande aussi des moyens», a dit le ministre, qui a par le passé annoncé deux dates sans pour autant parvenir à les respecter. Il avait d’abord promis le procès pour 2016, puis pour 2017.
LIRE AUSSI: Guinée: accusations et révélations sur les massacres de septembre 2009
Le ministre de la Justice a quand même rassuré que le procès va se tenir sans doute en Guinée, et que les magistrats guinéens sont prêts. Une déclaration qui tuerait les espoirs de ceux qui ont toujours voulu que le dossier soit jugé par la Cour pénale internationale. Cette volonté a surtout été exprimée par quelques victimes et les anciens avocats (le 20 décembre, ils ont annoncé leur retrait du dossier) du plus célèbre des accusés, Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba.
Ayant de nombreux griefs contre la procédure, les avocats Paul Yomba, Aboubacar Sylla et Lancinè Sylla ont préféré quitter leur client "malade" que de l’accompagner "dans cette procédure influencée par l’exécutif". Des critiques auxquelles le parquet de Conakry n’a jamais voulu répondre.
LIRE AUSSI: Guinée-Massacre de 2009: les avocats de Toumba Diakité veulent l'envoyer devant la CPI
Depuis la mise en place du pool de juges d’instruction en 2010 jusqu’à la prise de l’ordonnance de renvoi le 29 décembre 2017, l’instruction du dossier aura pris près de sept ans. Durant cette période, la justice guinéenne a été parfois critiquée pour sa lenteur. Le gouvernement guinéen aussi a été critiqué pour son «manque de volonté à faire tenir un procès sur ces crimes contre l’humanité». «Le discours officiel ne s’est à ce jour pas suffisamment traduit en actes et le gouvernement guinéen a pris trop peu de mesures significatives pour que justice soit rendue aux victimes du massacre, des viols et autres exactions perpétrés le 28 septembre (2009)», notait déjà en décembre 2012, l’ONG Human Rights Watch.
Pendant ce temps, la Cour pénale internationale qui est en examen préliminaire en Guinée, a suivi de près le travail des juges d’instruction. Durant les missions de la CPI en Guinée, les autorités du pays ont toujours assuré pouvoir tenir le procès en Guinée. «Je salue la bonne coopération des autorités politiques, diplomatiques et judiciaires qui gèrent ce dossier et qui coopèrent avec nous sans état d’âme…Nous voyons une volonté judiciaire de finir ce dossier», a apprécié, en octobre dernier, Amadi Bâ du bureau du procureur de la CPI.