Ces réouvertures sont intervenues au lendemain de la mort de sept personnes dans des manifestations de protestation contre des restrictions liées à l'état d'urgence, mais aussi contre les très nombreuses coupures d'électricité qui affectent ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest. En vigueur depuis le 26 mars, l'état d'urgence sanitaire a notamment entraîné l'interdiction de la circulation entre Conakry et la province, ainsi que la fermeture des lieux de culte dans ce pays musulman à plus de 80%.
A Kamsar, près de la ville minière de Boké (nord-ouest), des dizaines de jeunes, de femmes et d'enfants ont scandé "Allah Akbar" (Dieu est grand), nettoyé de fond en comble une mosquée avant d'assister à la prière, selon un témoin.
"Le gouvernement est incapable de nous protéger contre le virus, donc on s'en remet à Dieu seulement. Comment peut-on laisser les marchés ouverts et fermer les mosquées?", a déclaré à l'AFP l'un de ces jeunes manifestants, sous couvert de l'anonymat.
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"On préfère mourir en priant que vivre sans prier", a-t-il ajouté. "On a gagné maintenant, on a prié dans la mosquée. On ne porte plus de masque, c'est fini", a dit un autre manifestant. "Je remercie Dieu car nous étions très inquiets de ne pas pouvoir prier avec la fin du ramadan qui approche", a confié le responsable d'une mosquée rouverte.
Selon un journaliste local, "quatre ou cinq mosquées" ont également été rouvertes dans des circonstances similaires à Dubréka, aux portes de Conakry.
"On a vu un monde fou se diriger vers les mosquées et rouvrir les portes", a expliqué un élu local, Karamoko Bangoura. "Ce n'était pas du tout violent, ils ont juste cassé le cadenas", a-t-il ajouté.
Avec 2.372 cas confirmés et 14 décès en milieu hospitalier, la Guinée est l'un des pays d'Afrique de l'Ouest les plus touchés par la maladie Covid-19.
La télévision d'Etat a annoncé mercredi soir que neuf autres personnes étaient mortes de la maladie en dehors des hôpitaux, selon des tests effectués après leur décès. Le secrétaire d'Etat aux Affaires religieuses, Jamal Bangoura, a rappelé mercredi soir que la fermeture des lieux de culte faisait partie des mesures prises pour limiter la propagation du coronavirus et appelé au "calme et à la retenue".