Mali-Tabaski: le bélier au goût amer

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Le 05/09/2016 à 17h11

Les dépenses liées à la fête de Tabaski ou l’Aïd-el-Kébir sont parmi les plus importantes de l’année pour les chefs de famille au Mali singulièrement à Bamako. Au cœur, l’incontournable bélier à immoler dont le prix a fortement augmenté. Face à la crise qui prévaut, on parle plutôt de "Tabascrise".

A une semaine de la fête de Tabaski qui sera célébrée le 12 septembre au Mali, les rues, les terrains de football des jeunes et autres espaces sont pris d’assaut par les vendeurs de béliers. Ces moutons viennent pour la plupart des zones d’élevage par excellence au nord et au centre du pays.

S’offrir un mouton gras en ces temps de crise est le casse-tête, pas chinois, mais bien malien. Chaque année, un business très prolifique s’organise autour de la vente du bélier de la Tabaski et ouvre la voie à toutes les spéculations. Si la capitale à ce jour est bien approvisionnée en moutons, les prix, par contre, restent très au-dessus des budgets moyens des ménages en cette période de crise sécuritaire caractérisé par le ralentissement de l’activité économique.

Des prix élevés

Les prix varient de 40.000 (60 euros) à plus de 100.000 FCFA (152 euros) par tête de bélier. Dans le parc de vente de bétail de Lafiabougou Koda en passant par celui près du cimetière de Lafiabougou, le marché de la zone industrielle pour ne citer que ceux-ci, les moutons attendent les acheteurs.

«J’attend la veille de la fête pour aller acheter mon bélier. Je me suis renseigné sur les prix. On m’a dit que ça varie entre 50 à 100.000 FCFA. C’est comme toujours, le Malien aime la surenchère. Les gens veulent avoir tout en un seul coup oubliant que nous sommes en crise. J’espère que le prix va baisser d’ici le jour-j», nous a confié, Ousmane Traoré, commerçant détaillant.

Cet espoir que nourrit notre interlocuteur n’est pas partagé par Aliou Cissé, détenteur d’une rôtisserie. «Il y a longtemps que les prix des ovins ont grimpé. Il faut surtout éviter les plus gros quand tu sais que ton budget est limité. C’est vrai que les membres de ta famille ne seront pas contents si tu achètes un mouton maigre, mais on va faire avec. J’ai pris le même pour 35.000 FCFA», ironise Cissé.

Cet aspect évoqué par cet interlocuteur est tout l’enjeu de cette affaire de bélier pour la Tabaski. Dans les quartiers, les familles volontairement ou involontairement offrent des spectacles presque d’exhibition de leurs béliers bien gras. Ces scènes créent une certaine rivalité entre chefs de famille. Chacun veut attacher devant chez soi, un gros bélier. Comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, les vendeurs se frottent bien les mains. Dans les quartiers nantis, on se livre à une course d’achat du plus gros mouton, même si la famille n’est pas nombreuse.

Du coté des vendeurs de moutons, on explique la hausse des prix par la vie chère et l’augmentation des frais de transport. Autre aspect non négligeable dans l’augmentation des prix, c’est la cherté de l’aliment de bétail.

Face à l'inflation des prix du mouton et à la conjoncture économique difficile, à Bamako on parle de plus en plus de Tabascrise (Tabaski+crise).

Le coup de pouce de l’Etat pour soulager,...

Pour permettre aux fidèles musulmans d’avoir des moutons de qualité à un prix abordable, le gouvernement a lancé le 3 septembre dernier, l’opération Tabaski 2016, pour une vente promotionnelle de près de 30.000 têtes à Bamako et dans les capitales régionales comme Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti et Gao.

Les moutons sont classés en trois catégories. Le premier choix est cédé à un prix variant entre 25.000 à 50.000 FCFA. Pour le deuxième choix, les moutons sont vendus entre 50.000 et 75.000 FCFA. Enfin, le troisième choix sera cédé entre 75.000 à 100.000 FCFA.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 05/09/2016 à 17h11