L’affaire qui oppose la société minière Randgold et l’Etat du Mali est loin de connaitre son épilogue. Les responsables de Randgold avec à leur tête le directeur exécutif, Mark Bristow, l’ont laissé entendre au cours d’une conférence de presse durant laquelle ils ont à nouveau contesté les récriminations du fisc malien.
«Nous continuons de contester les vérifications de comptabilité au titre des années 2011, 2012 et 2013», a déclaré le directeur exécutif de Randgold Ressources, Mark Bristow, hier au cours d’une conférence de presse.
Selon lui, les contentieux fiscaux ont toujours existé avec l'administration malienne, mais c'est bien la première fois qu'ils atteignent ce niveau. "Jusqu’à ce jour, nous avons trouvé des solutions acceptables aux deux parties à travers des négociations constructives".
Ce qui a le plus irrité Bristow c'est surtout la démarche cavalière du ministre des Finances qui a "fermé nos bureaux de Bamako, saisi nos comptes bancaires et demandé un paiement additionnel comme condition pour la réouverture de nos bureaux", s'indigne-t-il.
"Le principe est de payer d'abord, contester ensuite"
Quand on lit entre les lignes on comprend qu'il voudrait bien que l'Etat se contente de la somme de 15 milliards de FCFA" qui est le signe de la bonne foi du groupe Randgold. Selon lui, "tout paiement injustifié concernant les vérifications contestées nous sera remboursé à la fin du processus"
Mais de toute manière, "Randgold ne peut pas refuser de payer les taxes qu’elle doit payer à l’Etat", comme il le dit lui-même. De plus en matière de recouvrement fiscal, le principe généralement admis dans les systèmes fiscaux francophones est de "payer d'abord et réclamer ensuite", explique un expert à Le360 Afrique. "Le contentieux peut évidemment être réglé par la négociation ou porté devant la justice, cependant il serait préjudiciable au fisc de rentrer dans ses fonds qu'à la fin éventuelle d'une décision finale de justice qui peut intervenir des années après la vérification", ajoute-t-il. "C'est pourquoi pour protéger le trésor public, il faut payer dès que le rôle arrive à échéance ou dans les délais après la notification du redressement pour les impôts déclaratifs", conclut notre expert.
Rappelons que la société minière Randgold est épinglé par l’administration fiscale pour près de 47 milliards FCFA (soit 72 millions d’euros) d’impôts présumés impayés. Cette rencontre avec la presse a été l’occasion pour le management du groupe de revenir sur l’impact économique de celui-ci au Mali. Ainsi, selon les dirigeants de l’entreprise, Randgold a investi 1.480 milliards FCFA depuis 1996. La contribution au PIB du Mali a été de 6 à 10% sur les 7 dernières années.