Vidéo. Mali: le paradoxe d'un grand pays éleveur qui importe son lait

VidéoLe Mali veut renforcer la filière laitière en valorisation la production locale. Dans un pays où l'ethnie des éleveurs peuls se sent marginalisée, il ne s'agit pas seulement d'un enjeux de développement économique. C'est aussi un moyen de renforcer la cohésion sociale.

Le 06/06/2017 à 17h21, mis à jour le 06/06/2017 à 18h23

Selon les estimations du ministère en charge de l'élevage, le Mali compte en 2017, 14 millions de têtes de bovins. Cependant, il dépense plus de 20 milliards de FCFA dans les produits laitiers importés de Hollande, d'Australie, du Brésil, d'Argentine, de France, etc. Cet argent peut créer des emplois au Mali.

La filière laitière autour de Bamako a créé 10.000 emplois directs. Le lait aujourd’hui est un enjeu économique, social et culturel. La FAO (Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), le gouvernement et l’APCAM (Assemblée permanente de chambres d’agriculture du Mali) sont conscients de la nécessité de valoriser le lait et de le placer dans un contexte de nutrition. Certaines localités subissent les problèmes liés à l'insécurité alimentaire, alors que le lait, aliment complet, est disponible dans certaines zones. 

C’est pourquoi, au cours de la douzième édition de la journée mondiale du lait au Mali, un accent particulier est mis sur les professions du secteur, à savoir l’APCAM et les producteurs laitiers. La particularité de cette édition, c’est qu’aujourd’hui, les producteurs laitiers maliens sont fiers de dire à toute la nation qu’il y a suffisamment de lait pour nourrir tous les Maliens.

Maintenant, ce qui manque, c’est la phase de transformation, d’industrialisation et de valorisation de ce lait local. La filière lait se porte bien, la preuve en est qu'auparavant, il y avait des vaches qui ne donnaient que 2 à 3 litres de lait par jour. Mais avec le programme de l’insémination artificielle, les producteurs maliens parviennent à obtenir une production de 10 à 15 litres de lait voire 30 litres par jour et par tête.

L’atteinte de cette capacité de production est due non seulement à la pratique de l’insémination artificielle ; mais aussi, à la pratique d’autres techniques d’alimentation utilisant un matériel moderne comme la hache-paille, la botteleuse manuelle et mécanique, ainsi que des silos.

Toutes ces actions ont été entreprises par le département de l’élevage et la Direction nationale des productions et industries animales pour la valorisation du lait local. Parmi les difficultés, figurait en bonne place, l’augmentation de la production laitière au Mali. Avec le programme national d’insémination artificielle, ce vide a été comblé. Il reste à mettre en valeur le lait local malien en renforçant son industrialisation et ses débauchés commerciaux.

Par rapport à la commercialisation, le programme de la valorisation du lait local prévoyait le renforcement de la capacité des producteurs laitiers. Il veut également implanter des centres de collecte. Force est de reconnaître qu'il y a un problème de transformation du lait local qui se pose présentement, à savoir l'absence de produits diversifiés.

Autres difficultés, la structuration des coopératives qui ne sont pas bien organisées. C’est dans ce contexte que les représentants du Projet de développement et de valorisation du lait (Prodevalait) ont effectué une visite d’échange au Maroc avec leurs homologues éleveurs marocains de la Coopérative agricole du Souss (Copag). Cette visite leur a permis de mieux s’imprégner de l’expertise marocaine dans le domaine de la production et de la valorisation du lait.

La célébration de la journée internationale du lait a été l'occasion d'interroger les acteurs de la filière au Mali. 

Par Mar Bassine Ndiaye et Diemba Moussa Konate a Bamako
Le 06/06/2017 à 17h21, mis à jour le 06/06/2017 à 18h23