Mali: quand le problème des autorités intérimaires menace d'enterrer l’accord de paix

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Le 25/07/2016 à 17h39, mis à jour le 25/07/2016 à 17h53

L’affrontement meurtrier du 21 juillet à Kidal entre les deux groupes armés (Gatia et Cma) au sujet du contrôle de la ville est un coup de poignard au processus de paix. Le contrôle des autorités intérimaires est derrière ce regain de tensions.

L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali dont la mise en œuvre piétine depuis plus d’un an, vient une fois de plus, d’être fragilisé. Malgré les différents cessez-le-feu et les nombreux engagements repris par l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les arrangements sécuritaires d’Anefis et ceux plus récents de Kidal le, 6 février 2016 et la déclaration de Niamey du 17 juillet dernier, le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA ) se sont entretués pour le contrôle de la ville.

Désormais, la CMA et le Gatia, les deux groupes armés signataires de l’accord, se vouent une haine viscérale. Le Gatia, qui s’est retiré de la ville, a installé son quartier général à Anefis, à une centaine de kilomètre et promet d’attaquer en cas de besoin.

La CMA, seule maître de la ville, ne veut plus sentir le Gatia à Kidal. Cette rupture de confiance provoquée par cet affrontement est une nouvelle équation à plusieurs inconnus qui constituera assurément un blocage à l’avancement du processus de paix et le retour de la stabilité.

Après la marche endeuillée de Gao, c’est donc un nouvel épisode sanglant imputable à cette fameuse mesure d’instauration des autorités intérimaires dans les régions du nord. Prévue dans l’accord, la mise en oeuvre de cette mesure impopulaire ne sera point chose aisée. Et si on n’y prend garde, les problèmes déjà soulevés ça et là risquent d’enterrer l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.

De toute évidence, la situation à Kidal est une menace pour l’Accord. En attendant, la balle est dans le camp du gouvernement et la communauté internationale qui doivent tout mettre en œuvre pour non seulement faire taire les armes, mais aussi et surtout ramener les belligérants autour de la même table.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 25/07/2016 à 17h39, mis à jour le 25/07/2016 à 17h53