Quatre septembre 2013, quatre septembre 2016, voilà trois ans que IBK, élu avec plus de 70% de suffrages, est au pouvoir. Dans le cadre de l’anniversaire de ses trois ans à la tête du pays, Ibrahim Boubacar Kéïta a accordé une interview à la télévision nationale en français et en bambara sur la situation du pays.
Dans ce face à face avec les journalistes, le chef de l’Etat malien reconnaissant les attentes légitimes du peuple malien, a laissé entendre qu’on ne peut pas jeter le bébé avec l’eau de bain. Il met en avant l’état de déconfiture du pays au moment de son élection à la tête du pays. «Que l’on se souvienne de l’état dans lequel le pays était quand nous arrivions», se défend IBK.
Pour lui, beaucoup d’actes ont été posés et entretiennent l’espoir que le pays se relèvera un jour. Entre autres, il cite la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui a permis de mettre un terme aux affrontements entre l’armée malienne et les groupes armés au nord, tout en reconnaissant que la mise en œuvre de celui-ci connait des difficultés notamment le conflit fratricide à Kidal. Il a aussi mis en avant une importante reforme de l’armée en cours prévue dans la loi de programmation militaire, l’augmentation de 20% des salaires des agents de la fonction publique, l’octroi de15% du budget national au secteur de l’agriculture, etc.
Sur des questions bien plus préoccupantes comme l’insécurité et la vie chère, Ibrahim Boubacar Kéïta est resté évasive.
Pour autant, drapé dans un certain optimisme, IBK n’évoque pourtant pas des actions en vue pour mettre un terme à la recrudescence de l’insécurité qui s’est déplacée du nord au centre du pays. Si l’armée nationale et les groupes armés du nord ne se tirent plus dessus, les FAMA –Force armée malienne- restent la cible de groupes terroristes qui sévissent en maître sur le terrain. Malgré la formation des hommes par des experts de l’Union européenne (EUTM) et les efforts déployés par l’Etat pour doter les soldats en équipements, l’armée malienne n’a toujours pas pris l’initiative sur le terrain en allant chercher l’ennemi dans sa cachette.
Sur la question du chômage, la seconde plaie du pays, l’écart est patent entre les chiffres de plus de 120.000 emplois créés durant ces trois dernières années, selon l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et la réalité sur le terrain.
Quant à la vie chère, c’est un paradoxe. Au moment où le Mali est salué par le FMI pour ses performances économique avec une croissance estimée à 5,3%, plus de 47% des 15 millions de Maliens vivent dans la pauvreté.
Les réponses apportées par le pouvoir aux préoccupations urgentes de l’heure, sont en deçà de l’espoir suscité par l’élection du président IBK. Du coup, le camp des déçus de l’ère IBK ne cesse de gonfler.