La force du G5 Sahel accélère le tempo avec une deuxième opération

DR

Le 16/01/2018 à 08h36, mis à jour le 16/01/2018 à 08h46

Les pays du G5 Sahel, pressés par leur partenaire français d'accélérer la mise en oeuvre de leur force militaire conjointe, ont lancé une deuxième opération antijihadiste lundi 15 janvier, ont-ils annoncé à l'issue d'une réunion à Paris.

"Nous avançons (...) la force conjointe monte en puissance (...) la première opération a eu lieu, la deuxième commence aujourd'hui" (lundi), a déclaré le ministre malien de la Défense, Tiéna Coulibaly, lors d'une conférence de presse en présence de ses homologues des pays du G5 Sahel (Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger, Mauritanie) et de la ministre française des Armées, Florence Parly.

Les participants à la réunion ont toutefois refusé de donner le moindre détail sur cette opération, les pays impliqués ou le nombre d'hommes mobilisés, pour des "raisons de sécurité". Ils n'ont notamment pas voulu dire si un contigent tchadien y prenait part.

"Les organisations jihadistes sont extrêmement mobiles, cependant nous avons observé une zone particulièrement critique, la zone des +trois frontières+ (aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, NDLR), c'est pourquoi la force du G5 Sahel a décidé d'y concentrer ses efforts", a cependant précisé la ministre française.

La première opération de la nouvelle force conjointe, "Hawbi", s'était déroulée en novembre dernier dans cette zone des "trois frontières confrontée depuis des mois à une sérieuse dégradation sécuritaire. Elle avait mobilisé quelque 700 hommes, fortement appuyés par les soldats français de l'opération Barkhane déployés dans la bande sahélo-saharienne, mais avait révélé de profondes faiblesses dans le dispositif.

La réunion de lundi a également permis aux partenaires de s'accorder sur "une feuille de route commune destinée à accélerer l'opérationnalisation de la force" multinationale et sur un "renforcement en effectifs avant le printemps", alors que le G5 Sahel ambitionne d'atteindre 5.000 hommes d'ici à la mi-2018, a dit Mme Parly.

Ces annonces font écho à l'impatience du président français Emmanuel Macron, très engagé dans ce dossier et qui, en décembre dernier, avait fixé pour objectif à la force conjointe "des victoires au premier semestre 2018".

Cinq ans après le début des opérations antijihadistes françaises dans la bande sahélo-saharienne, "l'objectif de Barkhane (4.000 hommes, NDLR) est de trouver des relais" pour diminuer à terme son empreinte au sol, avait souligné la ministre française des Armées dans un entretien au quotidien Libération publié lundi. "Les Africains le disent eux-mêmes : ce problème de sécurité est d'abord le leur".

Côté financement, les 250 millions d'euros nécessaires au lancement de la force conjointe ont été largement réunis. Outre les 10 millions fournis par chacun des États membres du G5, l'Arabie saoudite a promis 100 millions d'euros, les Emirats arabes unis 30 millions, l'Union européenne 50 millions et les Etats-Unis 60 millions de dollars (sous forme d'aide bilatérale). Un sommet aura lieu le 23 février à Bruxelles pour attirer de nouveaux donateurs.

Mais les vrais défis de cette nouvelle force sont de nature opérationnelle.

L'une des priorités est d'améliorer la coordination des efforts entre des armées de pays pauvres aux "niveaux extrêmement disparates", pour qu'elles parviennent à défendre ensemble leurs frontières, explique un haut gradé français.

Le coup d'accélérateur annoncé lundi pour la force conjointe du G5 Sahel intervient alors que les jihadistes basés dans la région - leur nombre est évalué entre 500 et 800 - ont promis de faire barrage à ces efforts antiterroristes.

"Nous allons tout faire pour que le G5 Sahel ne s'installe pas" dans cette zone, a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole d'un des groupes actifs dans la zone, l'"Etat islamique dans le Grand Sahara" (EIGS). Il a revendiqué dans la foulée une série d'attaques, dont celle contre la force française Barkhane jeudi au Mali qui a fait trois blessés et celle du 4 octobre au Niger, au cours de laquelle quatre membres des forces spéciales américaines et quatre soldats nigériens ont été tués.

"Les jihadistes ne veulent pas d'une force conjointe opérationnelle, cela veut dire que nous sommes sur la bonne voie", a souligné lundi Mme Parly.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/01/2018 à 08h36, mis à jour le 16/01/2018 à 08h46