Pour libérer un leader politique malien et trois occidentaux, il a fallu payer le prix fort. En effet, jusqu'ici, on a préféré parler seulement des djihadistes libérés, comme contrepartie. Ils étaient 205, selon un organe d'information du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (MUJAO ou GSIM), une coalition djihadiste à la tête de laquelle se trouve Iyad Ag Ghali. Cela, c'est pour le côté pile.
Mais, l'opération a un côté face qui concerne l'éventuelle rançon versée. Puisque pour ce genre de libération d'otages, il y a toujours eu de l'argent, beaucoup d'argent souvent. Et selon le quotidien L'Indépendant de Bamako, "entre 15 et 20 millions d'euros" ont été versés pour que les trois otages occidentaux et Soumaïla Cissé soient libérés.
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Evidemment, si les 205 djihadistes ont bel et bien été libérés par les autorités maliennes de la transition, la question se pose de savoir qui a payé cette rondelette somme, variant entre 10 et 13 milliards de Fcfa. Il est peu probable que ce soit le gouvernement malien qui s'en soit acquitté, surtout que le pays est sous embargo financier de la Cédéao et que même en temps normal, le Mali ne peut se permettre d'entrer dans ce jeu.
Est-ce donc la France d'Emmanuel Macron, lasse d'attendre depuis quatre ans la libération de Sophie Pétronin, ou bien serait-ce l'Italie de Giuseppe Conte voulant faire libérer le prêtre Pier Luigi Maccalli ou l'ingénieur en aérospatial Nicola Chiacchio? Ou est-ce encore le Vatican, comme le soutiennent des sources maliennes que cite un expert dans le domaine, en l'occurrence Lemin Ould Salem?
Toujours est-il que la France est un habitué des faits. En 2013, Vicki J. Huddleston, ex-ambassadrice américaine au Mali et ex-responsable des affaires africaines au département d'Etat, alors retraitée, affirmait que la France avait versé 17 millions d'euros pour faire libérer 4 otages au Niger. Elle précisait justement que la France était passée par le gouvernement malien pour servir d'intermédiaire.
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En 2014, selon le journal allemant Focus, la France aurait également versé la rondelette somme de 13 millions d'euros pour faire libérer 4 journalistes entre les mains de djihadistes en Syrie."Les fonds, convoyés vers Ankara par le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, ont été versés aux ravisseurs par l'intermédiaire des services secrets turcs", écrivait alors la même source.
La thèse d'une partie de la rançon venant du Vatican n'est pas nojn plus dénudée de sens. Ainsi, l'Eglise catholique aurait versé la rondelette somme de 10 millions d'euros, ce qui représente plus de la moitié des fonds prétendument versés.
Quoi qu'il en soit, les djihadistes sont gagnants sur toute la ligne, eux qui se sont retrouvés non seulement avec beaucoup de combattants libres, mais qui sont désormais en mesure d'en recruter des centaines d'autres, tout en leur offrant les armes les plus modernes et les plus destructrices.
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D'ailleurs, les djihadistes se sont retrouvés autour de Iyad Ag Ghali et d'un grand banquet pour fêter leur victoire. Et leur chef, en macabre visionnaire, leur a dit des mots qui doivent donner à réfléchir au gouvernement malien et celui de la France. Il leur "aurait aussi demandé à ses hommes de procéder à ces types d’actes qui rapportent plus qu’une ou plusieurs attaques", écrit le journal L'Indépendant.