Lors de sa première rencontre avec les autorités de transition maliennes, Florence Parly a fait état de frappes vendredi sur une très importante colonne de jihadistes liés à Al-Qaïda.
L'opération "a permis de neutraliser plus de 50 jihadistes, confisquant également des armes et du matériel", a-t-elle déclaré. "Cette action d'opportunité porte un coup significatif à un groupe terroriste affilié à Al-Qaïda, une katiba (unité combattante, ndlr) d'Ansarul Islam (...), près de la frontière avec le Burkina Faso".
Fondé par le Burkinabè Malam Dicko, Ansarul Islam a revendiqué de nombreuses attaques contre l'armée burkinabè. Les Etats-Unis l'ont placé sur leur liste noire "terroriste" début 2018.
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"Alors que les autorités de transition malienne ont réaffirmé leur engagement dans la lutte contre le terrorisme, ce succès tactique nous montre une fois de plus que les groupes terroristes ne peuvent pas agir impunément face à nos forces", a ajouté Mme Parly.
Selon elle, l'armée française a repéré une importante colonne de combattants à moto, qui se sont "ensuite groupées et dissimulées sous les arbres. Barkhane a immédiatement déclenché l'opération".
- "Nous ne resterons pas éternellement" -
Dans un point-presse téléphonique, le porte-parole de l'état-major Frédéric Barbry a fait état de frappes par drones, hélicoptères et avions de chasse, accompagnant l'action de plusieurs dizaines de soldats français au sol. Les combats se sont poursuivis jusqu'au petit matin.
"Quatre terroristes ont été capturés", a-t-il indiqué. Des explosifs, une veste piégée et des moyens de transmission on été découverts. Le groupe "était sur le point d'attaquer une position dans la région", a-t-il ajouté.
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Le porte-parole a par ailleurs évoqué une autre opération, visant cette fois le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS) depuis un mois et qui mobilise 3.000 soldats. Un bilan de cette opération sera présenté dans les jours à venir. La France déploie quelque 5.100 soldats au sein de l'opération Barkhane.
Mme Parly effectuait sa première visite auprès des autorités maliennes, mises en place par les militaires après leur coup d'Etat du 18 août. Ces autorités se sont engagées à céder la place à des civils élus au bout de 18 mois. La semaine passée, c'était le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian qui avait effectué le déplacement.
"J'ai réaffirmé notre engagement à appuyer la montée en puissance des forces armées maliennes", a dit Mme Parly à l'occasion d'entretiens avec son homologue malien, le colonel Sadio Camara. "La France et l'opération Barkhane ne poursuivent pas d'objectif caché au Mali. Nous ne resterons pas éternellement", a-t-elle encore souligné.
Elle a cependant ajouté que la lutte contre les jihadistes ne pouvait "être menée efficacement que dans le respect de tous les droits, y compris les droits de l'Homme", référence aux accusations qui pèsent sur les forces maliennes et sahéliennes, accusées d'exactions contre les populations civiles.
- Pas de dialogue avec les jihadistes -
Mme Parly a aussi été reçue par le colonel Assimi Goïta qui, à la tête de la junte dans les semaines ayant suivi le putsch, garde un poste clé avec la vice-présidence dans la transition. Elle s'est entretenue plus tard avec le président de transition, Bah Ndaw.
Les violences jihadistes se poursuivent dans le nord et le centre du Mali et se sont étendues aux pays voisins, doublées de violences intercommunautaires.
Les nouveaux maîtres de Bamako ont affirmé leur volonté de poursuivre le combat contre les jihadistes. La récente libération de quatre otages, la Française Sophie Pétronin, deux Italiens et une haute personnalité politique malienne, en échange de 200 détenus réclamés par les jihadistes, a toutefois relancé les spéculations sur un dialogue avec les groupes radicaux.
"On ne peut pas dialoguer avec les groupes jihadistes qui n'ont pas renoncé au combat terroriste", a dit Mme Parly à l'AFP. "C'est de la responsabilité des autorités maliennes, pas la nôtre, mais il est important d'échanger".
Plus tôt dans la journée, la ministre s'était rendue au Niger pour s'entretenir avec son homologue Issoufou Katambé ainsi que le président Mahamadou Issoufou.