Mali: l'ex-chef des services secrets arrêté dans l'affaire de l'enlèvement d'un journaliste

Général Moussa Diawara, ex-chef des services secrets maliens.

Général Moussa Diawara, ex-chef des services secrets maliens. . DR

Le 29/07/2021 à 14h47, mis à jour le 29/07/2021 à 15h06

Un ex-chef des barbouzes maliennes vient d'être arrêté à Bamako. Il a été mis en cause dans l'enquête concernant la disparition en 2016 d'un célèbre journaliste malien. Karim, le fils de l'ex-chef de l'Etat, Ibrahim Boubacar Keïta avait aussi été arrêté dans le cadre de la même affaire.

L'enquête concernant la disparition du célèbre journaliste Birama Touré, disparu dans la nuit du 29 janvier 2016 connaît un nouveau rebondissement et pas des moindres. En effet, l'ex-chef des services de renseignements maliens a été arrêté hier mercredi 28 juillet 2021 et placé en détention au camp 1 de la gendarmerie à Bamako, la capitale malienne.

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Le général Moussa Diawara était à la tête de la Sécurité d'Etat (renseignements maliens) de 2103 à 2020, c'est-à-dire jusqu'à la chute d'Ibrahim Boubacar Keïta. Et justement, son interpellation fait suite à l'arrestation de Karim Keïta, le fils de l'ex-Président, dans la même affaire. Karim faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international.

D'après Reporters sans frontière, qui cite l'ancien patron du journaliste, les services secrets maliens d'alors étaient impliqués dans la mystérieuse disparition de Birama Touré. En effet, "au moment de sa disparition, Birama Touré avait commencé à enquêter sur une liaison qu’aurait entretenue Karim Keïta avec la femme de l’un de ses amis", écrit l'ONG de défense de la liberté de la presse.

Toujours selon RSF, "l'ancien patron de Birama Touré, le directeur de publication du Sphinx, Adama Dramé, qui a travaillé pendant près de 20 ans avec lui, est persuadé que cette enquête est à l’origine de sa disparition. Selon ses informations, c’est le lieutenant-colonel Cheikh Oumar N'Diaye, à l’époque conseiller du Président, responsable de la division recherches de la Sécurité d'Etat, et en lien avec Karim Keïta, qui aurait proposé ses services pour régler cette affaire".

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S'appuyant sur des témoignages requérant l'anonymat, Reporters sans frontière va encore plus loin dans ses accusations contre Karim Keïta et les services secrets maliens.

"Selon un témoignage exclusif obtenu par RSF en 2019, mais qui n’avait pas encore été rendu public, Birama Touré a été détenu pendant plusieurs mois dans une prison secrète de la sécurité d’Etat, les services de renseignements maliens", écrit la même source qui affirme s'être entretenue avec l’un des codétenus du journaliste.

Or, selon ce témoin, Birama Touré a été torturé dans une cellule spécialement prévue à cette effet et appelée "chambre froide". Son calvaire aurait duré plusieurs mois, avant qu'il ne soit abattu de trois balles dans la tête. Le témoin affirme qu'il a "vu son corps, étendu".

D'autres témoignages recueillis notamment auprès d'un ancien policier, Papa Mambi Keïta, ex-chef de la section cybercriminalité de la brigade d'investigations judiciaires, affirment que Birama Touré a été tué et son corps jeté dans un puits.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 29/07/2021 à 14h47, mis à jour le 29/07/2021 à 15h06