Le paradoxe de la pauvreté des communautés dans les zones d’extraction minière

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Le 13/04/2016 à 13h56, mis à jour le 13/04/2016 à 14h04

Le Mali fonde beaucoup d’espoir sur son industrie extractive. Le pays compte aujourd’hui 10 mines aurifères en exploitation, réparties entre 3 zones minières (Kayes, Koulikoro et Sikasso). Malgré les tonnes d’or produits, le métal jaune ne brille pas pour les communautés locales.

Selon le département en charge des mines, en 2014, la valeur totale des exportations d’or a atteint 863 milliards de FCFA soit plus de 70% des recettes d’exportation totale du pays, une contribution au budget national de 254,3 milliards de FCFA, soit 25% des recettes budgétaires, hors emprunt et dons. Au final, la production aurifère contribue à hauteur de 8% au PIB. C’est dire toute l’importance de ce secteur dans l’économie malienne.Pour autant, l’or ne profite pas aux régions et surtout pas aux populations des zones d’exploitation. La région de Kayes qui concentre cinq des dix mines d’or du pays (trois situées dans le cercle de Kéniéba) reflète ce constat révoltant de région productrice d’or et dont les communautés vivent dans l'extrême pauvreté.Lors d’une récente visite du ministre des Mines sur le site de Fekola (région de Kayes), le 14 février 2016, il a fait le constat que malgré les budgets colossaux alloués au développement communautaire (environ 1,18 milliard de FCFA pour l’ensemble de la région dont 1,1 milliard FCFA pour le cercle de Kéniéba en 2014, selon les rapports des sociétés minières) et malgré la perception en 2014 de montants significatifs par les collectivités territoriales en termes de patentes (2,5 milliards de FCFA en 2014 pour l’ensemble de la région dont 2 milliards de FCFA pour le cercle de Kéniéba selon les données de la Direction Générale des Impôts), l'or ne semble pas avoir d'impact positif sur les communautés environnantes.Du coup, les attentes des communautés locales, notamment par rapport à la contribution de l’industrie minière dans l’amélioration du niveau de vie socio-économique (éducation, formation, création d’emplois, réalisation d’infrastructures), sont importantes dans ces régions riches en ressources naturelles mais pauvres au plan social.Ce paradoxe s’explique par plusieurs facteurs. Outre le manque de coordination dans les actions des différentes sociétés minières opérant dans les mêmes zones géographiques, plusieurs obstacles sont avancés dont la faiblesse de la mutualisation des efforts de développement des différentes sociétés, la faiblesse de synergie entre sociétés minières en ce qui concerne leur contribution au développement local et régional, l’absence de dialogue entre les communautés locales et les sociétés minières, et, enfin la faible capacité des communautés à gérer de façon efficiente et transparente les patentes versées par les mines.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 13/04/2016 à 13h56, mis à jour le 13/04/2016 à 14h04