Le programme d'intégration des ex-combattants provoque des tensions

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Le 19/05/2016 à 12h36, mis à jour le 19/05/2016 à 16h02

Prévu par l’Accord pour la paix et la réconciliation d’Alger, le programme "Démobilisation, désarmement et réinsertion" (DDR) des ex-combattants, qui vient à peine de démarrer provoque de vives tensions. Le choix des combattants devant être cantonnés et éventuellement réinsérés divise.

Le programme DDR semble être, aux yeux des communautés du nord du pays, le plus intéressant de toutes les actions inscrites dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord. Comme en témoigne l’engouement et la tension autour de cette affaire.Etre cantonné suppose avoir la chance d’intégrer l’armée nationale ou bénéficier du programme de réinsertion socio-économique ou professionnelle. Voilà tout l’enjeu aujourd’hui autour de ce programme. Or, conformément à l’esprit de l’accord, ce programme concerne les ex-combattants des groupes signataires de l’accord.C’est ainsi que la tension est vite montée d’un cran à Gao, la ville des 333 Saints. Le jeudi 12 mai dernier, les jeunes sont descendus dans les rues pour revendiquer leurs prises en compte dans le processus de cantonnement.On se souvient que ces jeunes, réunis au sein du mouvement de résistance de Gao, avaient, en mai 2012, défié le mouvement national de libération de l’azawad (mnla) et la horde de djihadistes qui occupaient la ville au plus fort de l’occupation de la partie septentrionale du Mali.Drapeau en main, les jeunes de Gao, farouchement opposés à la partition du pays, entonnant l’hymne national du Mali, avaient fini par chasser le mouvement indépendantiste de la ville avec la bénédiction du groupe ançardine d’Iyad Ag Ghaly. L’action avait été qualifiée d’héroïque et de patriotique par les autorités de Bamako.Aujourd’hui, ces jeunes souhaitent faire partie du processus de cantonnement pour bénéficier des fruits du programme DDR. Un ultimatum d’une semaine a, d’ailleurs, été lancé au gouvernement pour répondre à leur doléance. Selon eux, l’Etat doit prendre en compte le sacrifice qu’ils ont consentis pendant l’occupation au nom de l’unité nationale.Toujours dans cette bataille pour le cantonnement, le mouvement patriotique d’autodéfense Ganda Izo, membre non signataire de l’accord et qui dispose d’un nombre important de combattants, clame, depuis, leur intégration dans le processus.C’est dire que l’application de l’accord notamment le volet DDR risque de générer de sérieux problèmes sociaux auxquels doit faire face l’Etat du Mali, chargé de la mise en œuvre de l’accord.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 19/05/2016 à 12h36, mis à jour le 19/05/2016 à 16h02